08 Oct Rêves aquatiques, désirs terrestres
Après sa création à Nice en 2024, l’opéra familial de Régis Campo, inspiré de La Petit Sirène d’Andersen, revient dans la région. Elle foulera les planches du Théâtre Liberté à Toulon, en compagnie des musiciens de l’Orchestre de l’Opéra de Toulon, puis sera données à Mougins et Carros, avec les musiciens de l’Ensemble Télémaque.
La veille d’une grande décision, une adolescente s’endort. Traversée dans son rêve par la voix de la Petite Sirène qui, comme elle, s’apprête à commettre l’irréparable, elle voit sa chambre devenir le théâtre de tous les possibles : meubles et lumière se transforment, révélant un monde aquatique mystérieux et féérique, avant la rencontre éprouvante de la sorcière-araignée de mer, et la découverte du monde des humains…
Moins enchantée que la version de Disney, cette Petite Sirène « originale » propose une réflexion existentielle qui parle de douleur, de sacrifice et d’acceptation de soi. « Derrière la féérie aquatique de Hans Christian Andersen se cache un propos qui interpelle particulièrement les enfants et les adolescents dans la construction de leur rapport à eux-mêmes et aux autres« , indique Bérénice Collet, qui a mis en scène ce spectacle de Régis Campo, lauréat des dernières Victoires de la Musique Classique, et auteur de la partition et du livret. « Conte cruel, La Petite Sirène montre, à travers son héroïne qui se mutile et renonce à ce qu’elle est dans l’espoir illusoire de se faire aimer, tout ce qu’il ne faut surtout pas faire. Pourquoi vouloir plaire à tout prix à un personnage qui n’offre qu’une image floue, peut-être celle d’un être fade, sans personnalité ni charisme ?«
Pour contrebalancer cette noirceur, la musique de Régis Campo, ludique, colorée, rythmée, a toutes les qualités pour aborder le monde onirique des contes et de l’opéra féérique. Bien aidée aussi par une scénographie ingénieuse, qui installe une armoire magique comme élément central d’un décor enchanteur, que les musiciens encadrent. Un espace baigné dans une lumière d’ambiance aquatique projetée au plateau.
Une proposition artistique pour petits et grands qui, à l’instar d’Andersen, n’en pose pas moins une question douloureuse : pour se faire aimer, faut-il renoncer à ce que l’on est ?
8 nov, Théâtre Liberté, Toulon. Rens: operadetoulon.fr – chateauvallon-liberte.fr
25 nov, Salle Juliette Greco, Carros. Rens: forumcarros.com
27 nov, Scène55, Mougins. Rens: scene55.fr
photo: La Petite Sirène © Opéra de Nice