05 Nov L’Orchestre national de Cannes s’engage !
En invitant Miquèu Montanaro, pour un concert de soutien à des Restos du Cœur plus sollicités que jamais, l’Orchestre national de Cannes lance un beau signe à toutes les cultures du monde que symbolise le travail de cette grande figure de la création occitane. Sera jouée MAR – Sinfonia Maritima, fascinante ode à la mer Méditerranée, qui nous sépare et nous unit, espace de rêverie, mais aussi barrage et frontière.
Ces deux-là auraient dû se rencontrer ! Montanaro, Coluche : même révolte, même distance au pouvoir, même générosité. Ce concert pour les 40 ans des Restos du Cœur, c’est Miquèu Montanaro, figure emblématique de la scène occitane, qui l’honorera, lui le nomade qui a fait du galoubet-tambourin son compagnon de route et des croisements de cultures son carnet de voyage. Son pays n’a pas de frontière : il nourrit ses compositions de rencontres aux 4 coins du monde, tissant sans cesse des liens entre les cultures. Avec plus de 35 albums, ce natif d’Hyères a le désir de transmettre la sienne, occitane, et a su l’enrichir par ses immersions dans les musiques improvisées, anciennes ou du monde, le jazz, la chanson, l’électro…
Créé en 2023, MAR – Sinfonia Maritima a pour thème « la mer qui invite au voyage et celle qui engloutit les hommes et les espoirs« , écrit-il dans son livret illustré par Edmond Baudoin. Un long poème symphonique en occitan, et en d’autres langues, porté par 10 voix qui s’entrelacent à la musique et à la voix de Montanaro. « Une façon pour moi de relier en un solo les trois grandes directions musicales : la composition, l’improvisation et l’utilisation des éléments de musique traditionnelle qui sont la signature de mon travail« .
À ses côtés dans cette création mondiale en version pour orchestre, la phalange cannoise bien sûr, sous la direction de Benjamin Levy, et Serge Pesce, magicien de la guitare électrique dont il tire des sonorités fascinantes. Le dispositif scénique, à la fois spectaculaire et intimiste, plonge le spectateur dans une rêverie lucide, happé par des images marines envoûtantes et la virtuosité d’un artiste aux multiples savoirs. Ô temps, ici tu peux suspendre ton vol…

Une femme à la tête de la phalange cannoise
Un orchestre engagé donc… Oui, car pour la première fois une femme devient directrice musicale de l’Orchestre national de Cannes : la cheffe américaine Holly Hyun Choe, 29 ans, prendra ses fonctions à compter de la saison 2026/2027 pour un mandat initial de 4 saisons. Elle devient la 4e femme directrice d’un orchestre national en région, rejoignant Debora Waldman (Avignon), Johanna Malangré (Picardie) et Marta Gardolińska (Lorraine). Une encore trop courte liste… Elle succèdera à Benjamin Levy, en poste depuis 2016, qui en 10 ans a mené l’Orchestre de Cannes au Graal – le label national – et en a fait une formation de premier plan. Un beau challenge pour cette jeune cheffe au parcours impressionnant : née en Corée du Sud et élevée à Los Angeles, elle apprend seule la clarinette à l’âge de 13 ans puis part étudier la direction d’orchestre au New England Conservatory de Boston et à la Hochschule de Zürich, avant d’être nommée cheffe assistante à l’Orchestre de la Tonhalle de Zürich auprès de Paavo Järvi. Demi-finaliste au prestigieux concours La Maestra, réservée aux cheffes, dont le but est de briser ce fichu plafond de verre, elle a déjà dirigé, en France, l’Orchestre de Picardie et dernièrement celui de Paris, à la Philharmonie. Actuelle cheffe principale de l’ensemble allemand Reflektor et artiste associée à celui de Genève depuis 2023, Holly Hyun Choe sera également en charge de la direction musicale de l’Orchestre de la Radio Norvégienne dès janvier prochain. Le public cannois la retrouvera le 22 mars 2026 pour un concert au Théâtre Debussy, avant de présenter au printemps sa première saison avec l’Orchestre national de Cannes.
20 nov, Auditorium des Arlucs, Cannes. Rens: orchestre-cannes.com
photo Une : Miqueu Montanaro © Laura Berson