De l’art « en vrai »

De l’art « en vrai »

En attendant de pouvoir réinvestir tous les musées, théâtres, cinémas, cafés et autres lieux de vie sociale, il est déjà possible d’aller se rincer l’œil dans quelques galeries des Alpes-Maritimes et du Var.

Si les expositions virtuelles et autres performances en live sur les réseaux sociaux pululent encore sur le web, et en attendant la réouverture de certains lieux de culture et de loisirs à partir du 2 juin (cf. article Soyons clairs, restons flou, 29 mai 2020), les seuls choix qui s’offrent à vous ce weekend pour sortir, rencontrer des gens « en vrai » (en prenant les précautions nécessaires bien sûr) et vous cultiver sans rester sur votre canapé, sont les galeries et petits musées, ouverts pour certains depuis le 11 mai, « car ils peuvent fonctionner plus facilement en respectant les règles sanitaires« , indiquait le Premier Ministre dans sa précédente allocution. Petit tour d’horizon des expos originales à voir dans les galeries de la région.

Galerie Eva Vautier

Rouverte depuis le 13 mai, la Galerie Eva Vautier à Nice accueille les travaux de Marc Chevalier, dont l’exposition Les tableaux n’existent pas est prolongée jusqu’au 30 mai. Sur les murs, l’artiste propose de « réfléchir à main levée » sur l’objet tableau et la place qu’il occupe dans notre représentation mentale de l’art.  « Quand nous fermons les yeux et que nous entendons le mot arbre ou caillou, nous nous figurons quelque chose, une vision archétypale nous vient à l’esprit. Mais que voyons-nous quand nous entendons le mot peinture ?« , questionne l’artiste qui avait notamment participé à la grande rétrospective dédiée à Ben en 2019, La vie est un film.

Tentant de prendre du recul et d’opposer un peu de dérision à la situation que nous vivons, la galerie accueillera à partir du 13 juin l’exposition collective 1 mètre de distance ! Il s’agira de découvrir et partager, avec un accrochage évolutif expérimental, une sélection de nouvelles œuvres originales de nombreux artistes, dessins, peintures, photographies et sculptures, liées au confinement.

Espace À VENDRE

Maintenant le dessin ! C’est avec ce titre en forme d’injonction que l’Espace À VENDRE invite le public à une exposition collective énergique et éphémère dédiée au dessin contemporain, prolongée jusqu’au 31 juillet. 12 artistes issus de la scène actuelle française et européenne qui partagent une pratique centrale de l’œuvre sur papier sont réunis, dont Quentin Spohn, qui a réalisé une gigantesque frise de dessin sur papier de 35 mètres de long pour 3 de haut, intitulé Carambolage au marché d’Anvers. Évolutive, l’exposition a accueille deux nouveaux artistes depuis le 28 mai : Jean-Baptiste Ganne et Pascal Pinaud. Chacun d’eux a investi un mur de la galerie avec une série de dessins, réalisés (ou pas) pendant le confinement.

Galerie Depardieu

Toujours à Nice, la Galerie Depardieu héberge, jusqu’au courant du mois de juin, les travaux Nasr-Eddine Bennacer et Sylvie Teissier. Avec l’exposition Sous la mer les mots de l’artiste franco-algérien, le visiteur est plongé dans une ambiance sous-marine, ponctuée par des pièges invisibles, qui symbolisent « la face cachée de la société, celle qui est constituée par un système imperceptible de mécanismes d’oppression et conditionnement ». La mer comme « berceau de conflits et de découvertes, ainsi que le témoin silencieux d’une histoire immémoriale de migration et colonisation ». Dans la seconde exposition, Entailles, Sylvie Tessier montre les clichés pris dans le périmètre limité de la colline du Château, à Nice. Des photos qui expriment la relation millénaire et conflictuelle entre l’Homme et la nature.

Metaxu

On quitte la nature, et la ville de Nice, pour filer au cœur de la cité toulonnaise. Le Metaxu propose jusqu’au 30 mai une installation éphémère, S*RT*R. L’idée est de reprendre un peu ses marques et ses repères, de redonner le goût de la découverte et de l’inconnu au public, après la période de confinement que nous avons vécu. Benoît Bottex et Virginie Sanna ont ainsi imaginé une traversée de la galerie pour un seul visiteur, entre peinture, anamorphose et quatre bandes-son de Hugo Ernst (Potochkine) créées spécialement pour l’installation. Une fois sorti de ce parcours, sur la Place du Globe, il suffit de se retourner pour admirer les dessins d’Ambre Macchia qui ornent les volets extérieurs de la galerie. Les personnages féminins qu’elle y avait déjà réalisés sont désormais tous équipés de masques ! Si vous êtes dans le coin, allez aussi faire un tour sur la fameuse Rue des Arts qui regroupe la communauté d’acteurs de la rue Pierre Sémard,  quartier destiné à l’art et à l’art de vivre qui accueille de nombreuses galeries et ateliers.

Dès le 2 juin, la totalité des galeries devraient au fur et à mesure rouvrir leurs portes, tout comme les musées, les théâtres, puis dans un second temps les cinémas. Tout un nouveau Monde de découvertes s’offrira alors à nos yeux, à nos oreilles, à tous nos sens… En espérant que la grande faucheuse sociale, très sensible à l’économie culturelle, ne soit pas passée par là durant la crise sanitaire.

(photos : 1- vue de l’exposition de Marc Chevalier © Galerie Eva Vautier / 2- vue de l’exposition Maintenant le dessin ! © Espace A VENDRE / 3- vue de l’exposition S*TR*R © Le Metaxu)