Toute une vie de labeur

Toute une vie de labeur

C’est le titre du cinquième et dernier ouvrage à ce jour de Didier Balducci, alias Memphis Mao, édité chez Mono-Tone.

Après nous avoir fait franchement rire avec ses 3 volumes de Tourismes parallèles, notre Dandy niçois, guitariste sauvage et élégant des Dum Dum Boys entre autres, éditeur musical dont la radicalité et la liberté ne fait plus de doute dans le monde du rock, propose aujourd’hui une autofiction, ou un autoportrait (seul lui le sait), celle d’un guitar hero à l’humour acide et à la plume talentueuse. Cet adepte du « Droit à la paresse » de Lafarge nous livre une version pleine d’humour d’une vie libertaire et rock’n’roll, remettant le travail à sa place : celle de l’exploitation de l’homme par l’homme. De quoi faire pâlir les cols blancs et les tartuffes, et de quoi se rappeler que les plus grands adeptes des cadences ne sont pas ceux qui les subissent, mais ceux qui en profitent. Aucune revendication, rien, juste un recul incroyable et un humour rare en cette période où trop se prennent au sérieux et en particulier les crétins aux manches retroussées qui traitent ceux qui
travaillent de « ceux qui ne sont rien ». Didier s’en moque, car il ne se prend même pas lui-même au sérieux. « Clown dans un hypermarché à Vitrolles, testeur de médicaments, travailleur à la chaîne chez Malongo, intermittent du spectacle, ouvrier du bâtiment… Vingt chapitres, autant d’étapes d’un long chemin de croix, d’un laborieux calvaire, menant d’une jeunesse insouciante à une maturité inconsciente… Une fuite en avant (ou en arrière… ou sur le côté) pour ne pas se laisser rattraper par le monde impitoyable du travail… Par la réalité. Toute
une vie… toute une vie de labeur », écrit-il. On reconnaît ce ton faussement emprunté qui désacralise la « méritocratie » et, tout compte fait, se moque gentiment de cette escroquerie que l’on nomme néo-libéralisme. Si la réussite, c’est le pouvoir et l’argent pour certains, cet aristo insolent a toujours vécu en parallèle de cette société où les seuls qui ont le droit à l’oisiveté sont ceux qui dirigent… Alors il a pris le gauche et fait sa vie a contrario de cet énorme mensonge moraliste qu’est devenue notre « société moderne ».

Toute une vie de labeur
Didier Balducci
Éditions Mono-Tone