Bien gratinées (CHANGEMENT HORAIRE)

Bien gratinées (CHANGEMENT HORAIRE)

MISE À JOUR HORAIRE
3 nov 19h, Théâtre de l’Esplanade, Draguignan. Rens: theatresendracenie.com

« …et je vous suis garant, Qu’un sot savant est sot plus qu’un sot ignorant. » (acte IV, scène 3). Plus sot, sans doute, plus drôle, assurément ! La Cie du Détour l’a bien compris, et se régale avec cette adaptation des Femmes Savantes pour Théâtres en Dracénie.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle y pousse la mécanique comique à son paroxysme, à un rythme effréné, et avec une dose généreuse de burlesque qui enveloppe le tout. Bon, c’est promis, nous arrêtons là les métaphores culinaires faciles. Ou nous essaierons tout au moins. Parce
que ce spectacle n’a pas besoin d’être réassaisonné, Agnès Larroque s’en est chargée.

Cinq comédiennes (Adeline Benamara, Frédérique Moreau de Bellaing, Valérie Larroque, Irène Chauve et Laure Seguette) incarnent sur scène tous les personnages de la pièce de Molière, y compris les personnages masculins. Beau pied de nez au théâtre des temps anciens où les hommes interprétaient les femmes, bannies des planches (quelques Juliette ou Bérénice ne devaient pas être piquées des hannetons, soit dit en passant…). Donc, elles y incarnent tout le monde, balançant perruques et costumes en un tournemain devant l’assistance médusée, déclamant en alexandrins et dans le texte, ces mots qui écorchent si bien les ego boursouflés et les sciences bidonnées. Tous les personnages évoluent dans une kitchenette, pour une ambiance très Cuisine et dépendances, où tournent les mixers et où mijote… une dinde.

Autodérision et satire sociale s’amusent ici main dans la main comme des petites folles, dans une oeuvre où personne, homme et femme, n’est épargné. Car finalement, la seule chose qui gâte la sauce, chez Molière, c’est la fatuité. Et si le ridicule tue quelque chose, ce n’est que la dignité.

(photo © Stef Bloch)