L’érotisme dans l’art

L’érotisme dans l’art

Après un essai sur Les Grandes Oubliées dans l’art, Laurence Dionigi revient avec ce nouvel ouvrage, hommage aux Vénus de l’Histoire. Si plus de 80% des nus représentés en peinture et en sculpture sont des femmes, c’est parce que l’érotisme a été longtemps une affaire d’hommes, lesquels étaient alors les seuls à peindre ou à être exposés ! Ces muses étaient-elles aimées, respectées et idéalisées pour faire fantasmer à ce point la gent masculine ?

Un jour, une conférence sur le sujet de l’érotisme dans l’Art est demandée à Laurence Dionigi. Elle se documente, fait des recherches. Le résultat dépasse son objectif, car le foisonnement de tout ce qu’elle a relevé l’incite à écrire cet ouvrage L’érotisme dans l’art, qui succède à son essai sur Les Grandes Oubliées dans l’art. Livre illustré de plus de 300 pages, préfacé par Eliane Viennot et Nivèse Oscari, s’attache à la représentation du corps de la femme du Néolithique à nos jours. C’est aussi l’évolution du statut de la femme, les mœurs et la sexualité à travers l’histoire de l’art qu’aborde l’auteure.

L’auteure nous fait changer de regard sur certaines œuvres : une toile du badin Fragonard ou les très jeunes danseuses de Degas, par exemple. Pour elle, les scènes de bain du Moyen-Age ne sont pas qu’un simple témoignage de l’hygiène de vie de l’époque. Elle nous questionne sur L’extase que provoqua L’enlèvement des Sabines, alors que cette toile suppose une scène sous-jacente de viol ! Les courtisanes, d’apparence si élégante et raffinée du Tintoret ou d’Engelhardt, cachaient un quotidien misérable ce qui est malheureusement le lot de toute prostitution depuis la nuit des temps.

Elle n’a trouvé que le XXe siècle pour entrevoir les premières représentations de la libération du corps féminin par des artistes femmes et le XXIe pour découvrir enfin leurs propres désirs et fantasmes.

Faire comprendre autrement la cause féministe

Diplôme en poche, Laurence Dionigi est partie exercer le métier de globe-trotteuse pendant 10 ans en Espagne, au Chili, au Mexique et au Gabon où elle a travaillé dans divers domaines (enseignement, prêt-à-porter, événementiel…). C’est au Mexique et en langue espagnole qu’elle publie ses premières chroniques dans un quotidien local. De retour en France en 2002, elle s’installe dans la région niçoise dont elle est originaire. Elle a animé l’émission Presse-Papier sur Fréquence K pendant 5 ans. Chroniqueuse presse écrite, Laurence Dionigi collabore aujourd’hui auprès de plusieurs médias. Elle monte également des projets pour diverses associations et anime des conférences sur des thèmes variés.

Elle n’est pas une historienne d’art, mais plutôt une véritable chercheuse, féministe et militante qui a su, au travers de l’histoire de l’art dans ses deux derniers ouvrages, révéler l’oppression qu’ont subie les femmes au fil du temps. En espérant trouver ainsi un angle différent pour mieux faire comprendre la cause féministe, l’auteure s’appuie sur les représentations artistiques de la femme qui donnent toujours la température des mœurs d’une époque. Aussi L’érotisme dans l’art offre-t-il un éclairage féminin en rendant un bel hommage non pas aux peintres et aux sculpteurs, mais à travers eux, aux Vénus, ces muses et modèles, qui ont contribué elles aussi et à leur manière à l’Histoire de l’art.

Loin du politiquement correct, Laurence Dionigi, grâce à cette véritable enquête par recoupement, fournit une assise historique intéressante au féminisme tout en préservant une certaine légèreté qui donne toute sa valeur à cet ouvrage, bien loin de la radicalité actuelle, marque d’une crispation inévitable face à la régression masculine de l’époque contemporaine.

L’érotisme dans l’art. Hommage aux Vénus de l’Histoire
Laurence Dionigi
Éditions Ovadia