Le temps d’une chanson…

Le temps d’une chanson…

Jean-René Palaccio nous a quittés. Les musiciens le regrettent, car toute sa vie fut animée par la passion de la musique et le partage. Directeur artistique du Monte-Carlo Jazz Festival et du Jazz à Juan, directeur artistique de la Société des Bains de Mer… Nous perdons un des derniers grands géants du jazz et surtout un ami cher.

Il est incroyable de voir comment ce passionné est parvenu à devenir l’ami de tant d’artistes. Car « ami » n’était pas un mot creux dans la bouche de Jean-René. Sur la scène de la Salle Garnier, un hommage lui était rendu. D’abord, Eric Legnini a interprété un morceau au piano, dont je ne connais pas le titre, mais qui exprimait toute cette tristesse et ce besoin de souvenir… Puis Manu Katché est venu dire quelques mots sur l’histoire de son amitié avec Jean-René qui s’est forgée autour de la musique. Des amis lointains ont été filmés, évoquant leurs souvenirs personnels. Et puis… le plus bel hommage fut celui de Melody Gardot, qui nous rappela à quel point elle fut proche de celui qu’elle trouvait être un magicien, et qui avait gardé ce regard d’enfant quand on lui parlait de musique. Elle a refait la même chose, il y a peu de temps, lors de son concert avec l’Orchestre Philarmonique de Monaco à Jazz à Juan… Un rêve que Jean-René lui avait promis de réaliser et qu’il est parvenu à concrétiser même gravement malade. Et n’oublions pas Marcus Miller, l’ami très touché par la perte de ce compagnon de route. Jean-René étonnait beaucoup de musiciens avec les « cartes blanches » qu’il leur offrait, ouvrant ainsi la porte à leur liberté et à leur créativité.

Palaccio, c‘était aussi bien le foot, les Harley, le rugby qu’il pratiqua, ou la musique qu’il programma et pratiquait ! Il jouait et collectionnait les guitares. Il avait besoin de partager ses passions avec ses amis et avec le plus grand nombre.

Il a eu un rôle impressionnant dans le développement du jazz sur la Côte : renouant avec la tradition du tourisme d’hiver chère à la Riviera, créant le Monte-Carlo Jazz Festival en Novembre, offrant ainsi un public spécifique à ce genre musical qu’il adorait depuis toujours… Il est parvenu aussi à programmer le Jazz à Juan, ouvrant des possibilités à ce dernier de voir sur scène les Stars du moment par un habile chassé-croisé entre le Monte-Carlo Summer Festival qu’il avait créé à la SBM et les festivals jazz d’Antibes et de Monte-Carlo. Il créa le Moods, et se préparait à reprendre la programmation de St Jazz Cap Ferrat. Même dans ses derniers instants, il fut le sauveur du grand gala annuel de la Croix Rouge monégasque… Il n’arrêtait pas, parce que la passion animait sa vie… Nous perdons un personnage qui a changé l’histoire du jazz sur la Côte d’Azur, un ami, un homme d’une générosité légendaire, d’une simplicité, d’un humour et surtout d’une rare élégance…

Il m’est rarement arrivé de pleurer autant que lorsque Melody Gardot chanta pour lui La javanaise. Ainsi, « le temps d’une chanson », j’ai laissé mon cœur saigner, déchiré qu’il était par sa perte.

L’équipe de notre journal, ma compagne Evelyne Pampini et moi-même adressons tout notre soutien à sa famille : ses deux filles, son fils, et tout particulièrement Marie, sa femme, qui toujours, a veillé à ce que jamais sa flamme ne s’éteigne tout au long de leur vie commune… L’amour est le contraire de la mort. Nous t’aimerons toujours Jean-René.

(photo : Jean-René Palacio © Jean-Philippe Ducap)