
11 Oct Quel barouf !
Bonne nouvelle en cet automne : le Master vient faire un tour dans nos théâtres, à Grasse avec Hamlet, et au Pradet avec Beaucoup de bruit pour rien. Deux productions distinctes qui ont en commun l’amour de Shakespeare.
Une saison sans lui, ce serait comme Juliette sans son balcon, comme Richard III sans son cheval ; ce serait triste à mourir. Car celui qui donne vie et corps « à la matière des rêves« , c’est bien notre dramaturge élisabéthain. Avec lui, nous sommes dans un théâtre fait pour être joué, vécu, joué encore, de mille manières, et c’est pourquoi de son œuvre foisonnante, jamais on ne se lasse.
Commençons par le Hamlet de la Cie Vol Plané, présenté par le Théâtre de Grasse. Souvenez-vous, il y a quelque chose de… Bref, de pas net au Royaume du Danemark. Le spectre du papa du jeune Hamlet lui apparaît pour lui dire que l’oncle Claudius l’aurait un peu aidé… à passer de vie à trépas, voyez… Pour s’emparer de la couronne… Et pas que. Que faire face à tant d’effroi, de doute, quand tout votre monde bascule ? Tordant le cou à toute logique, mesurable, ou sensé, puisque son monde ne comporte plus guère de bon sens, Hamlet décide de jouer au fou, pour faire éclater la vérité. Il jouera si bien que l’on finit par s’y perdre. Qui sont les déments, qui sont les sains d’esprit, qui sont les morts, les vivants ? Les personnages mis en scène par Alexis Moati tirent les rois à coup de galette pour savoir qui sera quoi… Hamlet, chef d’œuvre de complexité et de psychologie se prête diablement bien à cette épure, à ce jeu de chaises musicales, mettant en lumière les dilemmes d’un jeune prince au cœur sans fard.
Partons à présent du côté du Pradet, avec la Cie Viva. Connaissez-vous la genèse de Beaucoup de bruit pour rien ? À l’époque, Shakespeare avait essuyé une menace d’interdiction de donner des représentations, de la part du maire de Londres. Voici quelle fut sa réponse : un pied-de-nez, une pièce joyeuse, loufoque et irrévérencieuse qui fit un tel tabac qu’on ne parla plus de fermer quoi que ce soit. Il n’est question ici que de rire, s’amuser et plonger à pieds joints dans des imbroglios qui finiront par se démêler miraculeusement. De se gaver de bons mots (le livret est particulièrement savoureux). Ici Shakespeare le démiurge espiègle se fait le chantre des bègues et des maladroits en tous genres, transforme une tempête dans un verre d’eau, en onde légère, et finalement en fête. C’est d’ailleurs ainsi qu’elle sera interprétée aujourd’hui, pour rien, pour tout, c’est-à-dire exactement pour le plaisir.
Hamlet: 21 & 22 oct 20h30, Salle polyvalente St-Claude, Grasse. Rens: theatredegrasse.com
Beaucoup de bruit pour rien: 22 oct 20h30, Espace des Arts, Le Pradet. Rens: FB Espacedesarts83
(photo : Beaucoup de bruit pour rien © Cie Viva)