Musiques savantes… d’aujourd’hui

Musiques savantes… d’aujourd’hui

Il y a des choses qu’on peut difficilement expliquer ! L’amour, l’origine du Big Bang, Dieu, la réussite de Didier Deschamps avec les Bleus, la musique contemporaine… C’est comme ça. Mais concernant cette dernière, le CIRM – Centre National de Création Musicale a la bonne idée d’organiser chaque année une série de rendez-vous rassemblés sous la bannière MANCA. Car si la musique contemporaine s’explique pas difficilement, au moins elle s’expérimente…

Bon, comme on est un peu foufou, on va quand même tenter le coup. Pour simplifier, disons que la musique contemporaine est une illusion, car elle brasse de nombreux styles : musique spectrale, concrète, sérielle, expérimentale, néo-tonale… voire théâtre musical, comme nous en aurons l’illustration au MANCA. Si les non-initiés avancent que ces musiques sont parfois difficiles à l’écoute, rappelons qu’en leur temps, les fulgurances d’un Art de la fugue de Bach ou d’un Sacre du Printemps de Stravinsky n’ont pas manqué de « heurter » leurs contemporains. Et pourtant ! Il faudrait donc plutôt parler de « musiques savantes d’aujourd’hui », parce qu’entre Stockhausen, Boulez, Richter, ou Glass, difficile de faire le lien !

C’est d’ailleurs le chef d’œuvre de ce dernier qu’on retrouvera du 12 au 16 novembre à l’Opéra de Nice : Akhnaten. Bertrand Rossi, directeur de l’établissement azuréen avait exprimé la volonté de « montrer que l’opéra n’est pas un art du passé, ringard et poussiéreux. Il faut le prouver par des mises en scène visionnaires« . Ce sera donc chose faite avec cette œuvre de Philip Glass, où les décors historiques de l’Égypte ancienne rencontrent la musique minimaliste de la fin du XXe siècle, sur une mise en scène de Lucinda Childs.

Lancée en octobre avec le tout nouvel Ensemble Incia – soutenu par le CIRM « afin de proposer des évènements où la musique contemporaine rencontre les autres arts : danse, vidéo, arts plastiques… » –, cette saison MANCA investira à plusieurs reprises l’Opéra de Nice et sa deuxième scène, La Diacosmie, en cette fin d’année 2021. Ainsi, le mois de novembre permettra de profiter d’une soirée avec l’Orchestre Philharmonique de Nice, dirigé par Marko Letonja, où l’on pourra entendre, en version concert, l’opéra Le Château de Barbe-Bleue de Bartók, et Fabula du compositeur argentin Daniel D’Adamo, en création mondiale.

En décembre, la danse contemporaine fera une incursion avec Ma vie rêvée, sur une musique originale de Sarah Procissi, dont l’activité se développe autour de la musique électroacoustique et des musiques traditionnelles de la Méditerranée. Pour écrire ce solo chorégraphique, Eric Oberdorff s’est inspiré des « états de corps » explorés par des détenus lors d’ateliers réalisés à la Maison d’arrêt de Grasse. On est bien loin de l’univers du Cosmicomiche, œuvre de Michèle Reverdy, mise en scène par Victoria Duhamel, qui repose sur l’adaptation de nouvelles tirées d’un traité d’astronomie surréaliste signé Italo Calvino. À mi-chemin entre l’opéra de poche et théâtre musical, on suit l’épopée spatiale de Qfwfq, premier homme ayant connu l’univers avant le Big-Bang, dans ce qui ressemble à une parodie jubilatoire du discours scientifique ! Comme un chaînon manquant entre l’univers carcéral et l’infiniment grand, La Ralentie explore la notion de frontière entre le dedans et le dehors, l’intime et le vide… Dans une atmosphère onirique conçue par Pierre Jodlowski, inspirée du texte du poète Henri Michaux, les percussions de Jean Geoffroy accompagnent ici le récit de la soprano Clara Meloni.

Rendez-vous ensuite au Théâtre Francis Gag en janvier et février 2022, avec « l’opéra pulifonica » de Jérôme Casalonga sur le thème de l’exil, E supplicante, et la soirée Créations et nouvelles technologies qui donnera toute la mesure de ce que peut offrir la musique contemporaine au XXIe siècle… Car rappelons tout de même – pour les plus frileux d’entre vous – que celle-ci a donné quelques fragments d’ADN à cette autre musique qu’on appelle Electro !

Jusqu’au 24 fév, Nice. Rens: cirm-manca.org

(photo : Le Cosmicomiche © James Bihouise)