Promenons-nous dans les bois

Promenons-nous dans les bois

Une forêt, des chasseurs, des enfants perdus, et des créatures effrayantes. Nous sommes bien dans le conte. Au TNN, laissez-vous embarquer à la suite de La plus précieuse des marchandises et de Kind, deux fables à couper le souffle.

On a beau être en 2021, on aime bien que le conte conserve son ADN de conte. Son côté inquiétant, son côté onirique… Le fait que, même si l’on sait que rien de tout cela n’existe, cela a bel et bien existé, pour nous, sur scène, l’espace d’un instant. Et bien sûr, on aime aussi que tout cela commence dans les bois…

Vous le savez, le conte a souvent une dimension initiatique. C’est aussi le cas avec les Belges de la Cie Peeping Tom, que l’on apprécie diablement. Kind (enfant en flamand), le dernier volet du triptyque Vader (père) et Moder (mère), invite petits et grands enfants dans son monde à la fois cauchemardesque et kaléidoscopique. Sucrerie vénéneuse, bonbon à l’arsenic… On dit qu’il y a du Tim Burton et du David Lynch dans cette étrange friandise, et c’est vrai. Gabriella Carrizo et Franck Chartier explorent la psyché d’une petite fille, et mettent en images ses fantasmes les plus fous. Des randonneurs seront aux prises avec des chasseurs sanguinaires, une femme accouche d’un bébé sapin, et les monstres sont de sortie, une fois la nuit tombée. C’est bien ça, l’imaginaire sans frein d’une enfant, cela et la capacité à brouiller les frontières entre le réel et l’irréel, dans un récit à clé qui procure un délicieux frisson.

« Il était une fois, dans une forêt sombre, un pauvre bûcheron et sa femme« … Vous aussi avez été frappés par les débuts abrupts, absurdes, in media res, des contes pour enfants ? Un homme et une femme n’ont pas de quoi nourrir leurs rejetons, et pouf, ils les abandonnent dans la forêt ! Jean-Claude Grumberg nous prévient, au début de son livre adapté par Charles Tordjman, non, nous ne sommes pas dans Le Petit Poucet. C’est encore pire. Parce que le train, qui passe entre les arbres, va à Auschwitz. Le monde extérieur est devenu un mauvais rêve éveillé, et les monstres sont devenus bien réels. Dès lors, un petit bébé fille – La plus précieuse des marchandises –tombé d’un wagon, c’est tiré par les cheveux, c’est miraculeux, c’est fictif. Mais le temps d’une représentation, c’est aussi authentiquement véridique, libérateur, salvateur. Et c’est cela qui compte.

Kind: 12 & 13 nov 20h / La plus précieuse des marchandises: 17 au 20 nov. Théâtre National de Nice. Rens: tnn.fr

(photo : La Plus Précieuse des marchandises © DR)