07 Déc L’amour, quelle histoire !
Une comédie romanesque qui tricote et détricote les contradictions amoureuses… Quoi de mieux à quelques jours de fête de fin d’année ? Le TNN programme Feuilleton Goldoni, création autour de la trilogie Les Aventures de Zelinda et Lindoro, mise en scène par Muriel Mayette-Holtz, herself.
Toutes les histoires sont importantes, lorsqu’il s’agit d’amour. À plus forte raison, L’amore à l’italienne imaginé par Carlo Goldoni. On présente souvent ce dernier comme le Molière italien, ce qui l’aurait fait rougir, car il était grand admirateur et contemporain de notre Poquelin. Le divin Vénitien est tombé dans la marmite du théâtre tout jeune, au grand dam de son père qui voulait en faire un médecin, puis un avocat. Adulte, il se lance à corps perdu dans la vie de saltimbanque, prend la route, crée et monte des pièces, écrit quelques livrets pour Vivaldi à l’occasion, et génère quelques belles controverses, lorsqu’il touche à la sacro-sainte Commedia Dell’arte… Ses pas l’amèneront à Paris, sur les traces de Molière, où il officiera en tant que dramaturge, mais aussi Maître d’italien à la Cour pour les princesses royales.
Nous sommes juste avant la Révolution. Pour ce qui est du style, Goldoni est follement moderne, non seulement parce qu’il secoue la comédie italienne de ses masques et des préceptes d’Aristote. Mais aussi parce qu’il recherche avant tout le réalisme, voire la réalité. Il veut un théâtre miroir, où chacun peut se reconnaitre. Au contraire de Molière, lui n’est que légèreté, optimisme. Si parfois le trait est ironique avec ses contemporains, il l’est à la manière tendre d’un Labiche du XVIIIe siècle… Sa Villégiature ou sa Locandiera sont une fête pour le spectateur comme pour les comédiens, ravis de porter le jeu solaire du Vénitien.
La fête sera donc au rendez-vous au TNN ! C’est avec des costumes empruntés à la Comédie-Française que Muriel Mayette-Holtz met en scène sa troupe de choc dans Les aventures de Zelinda et Lindoro. Jeunes tourtereaux de Pavie, Zelinda (Joséphine de Meaux) et Lindoro (Félicien Juttner), sont empêchés dans leur amour par certaines circonstances que nous vous laissons découvrir, mais bien plus encore par la tournure orageuse que prend leur idylle, s’enflammant à propos de tout et de rien comme un baril de poudre posé à côté d’une allumette. C’est qu’ils s’aiment tellement, qu’ils en étouffent de jalousie, d’insécurité, de possessivité… Ce qui n’est jamais très bon dans un couple, vous le savez… Qui ne l’a pas fait dans ses jeunes années, avant de s’apercevoir que l’amour véritable est justement le contraire de la possession, mais don et bonheur de l’altérité… N’ayez crainte Zelinda et Lindoro feront ce chemin, aussi chaotique soit-il (car Goldoni a prévu quelques beaux nids-de-poule), tout au long des trois volets de cette trilogie : Les Amours de Zelinda et Lindoro (15 au 21 déc), La Jalousie de Lindoro (16 au 22 déc) et Les Inquiétudes de Zelinda (19 au 23 déc). Un Feuilleton Goldoni généreux et gourmand (près de 5 heures de spectacle), dont l’intégrale sera présentée le 18 décembre, qui vous fera passer un après-midi bienfaisant dans les mains de l’auteur, venu spécialement pour vous divertir du fond du siècle des Lumières.
15 au 23 déc, Théâtre National de Nice. Rens: tnn.fr
(photos : Feuilleton Goldoni au TNN © Cyril Giroux)