Parasite

Parasite

Nous sommes dans une ère de mélanges, de métissages, vous le savez bien. Les artistes ont recours à différents leviers pour porter un éclairage nouveau sur un élément mille fois revu. Au théâtre, les dramaturges s’amusent aussi à y mixer deux œuvres pour en tirer la quintessence, comme Macha Makeïeff avec son Tartuffe [Théorème], hybride de Molière… et de Pasolini.

La divine Marseillaise et son Théâtre de la Criée avaient déjà revisité Molière, il y a quelques années, avec Les femmes savantes, et lui avaient passé un sacré coup de balai. Macha Makeïeff connaît donc bien le dramaturge, son verbe, sa mécanique, aime jouer d’anachronisme et replacer les personnages dans un autre contexte.

Se déroulant dans les années 50, son Tartuffe [Théorème] devient un récit noir, un polar vénéneux. Pourquoi ? Parce que dans le film Théorème de Pasolini, un mystérieux personnage, sorte de « fantôme du désir », fait irruption au sein d’une famille bourgeoise et y distille le plaisir sexuel, avant de disparaître, laissant alors chacun et chacune à la douleur de l’absence, l’épiphanie à peine effleurée. Dans Tartuffe, une famille de bourgeois dévots, et servilement soumis à leur gourou, se prennent les pieds dans le tapis de la bigoterie, des fausses idoles, des vraies hypocrisies, etc, etc…

Le point commun entre les deux œuvres est bien la bourgeoisie, dans ce qu’elle a de plus délétère et de plus sclérosé, de plus nocif pour l’âme humaine. L’autre point commun est l’intrusion de cet « autre » menaçant, de ce parasite, vecteur de catastrophe, qui vient jouer les trouble-fêtes…

12 au 15 jan, Opéra de Nice. Rens: tnn.fr / 24 au 26 mars, Théâtre Liberté, Toulon. Rens: chateauvallon-liberte.fr

(photo : Tartuffe © Pascal Gely)