Un jour sans fin

Un jour sans fin

Imaginez un monde sans nuit. C’est-à-dire, sans cet espace noir de repos, de rêve, de gestation lente et passive, de secret… C’est le point de départ de La dernière nuit du monde, création de Fabrice Murgia et Laurent Gaudé, présentée par Théâtres en Dracénie, le 1er mars prochain.

Imaginez également la lumière de la vie trépidante, de la pensée agissante et productive, bref, de l’action, partout. Comme si la planète entière était devenue une mégalopole hyperactive, en roue libre… Le seul avantage, bien entendu, serait le profit, au détriment de la santé mentale, et de tout le reste, d’ailleurs. C’est à ce postulat dingue que vous invitent les complices Fabrice Murgia et Laurent Gaudé, dans leur dernière création à quatre mains : La dernière nuit du monde.

Ils avaient déjà collaboré pour l’opéra Daral Shaga, en 2014. Aujourd’hui Fabrice Murgia retrouve Laurent Gaudé le surdoué, lui le lauréat du Prix Goncourt 2004 avec Le Soleil des Scorta, entre autres, autour de l’adaptation d’un essai de Jonathan Crary : 24/7, Le Capitalisme à l’assaut du sommeil. Parce que, dites : quel patron abusif n’a pas rêvé d’abolir le sommeil et le repos pour faire travailler ses employés H24 ?…

Dans cette fresque futuriste – dont le propos a quelque peu évolué dans le contexte de la pandémie –, peinture dystopique à peine caricaturée de notre monde, le jeune Gabor est l’inventeur de la fameuse pilule qui tue la nuit, et donc le sommeil. Lou, sa petite amie, tente bien de l’empêcher de la diffuser, mais hélas, sans succès. La dernière nuit survient, et Lou disparaît… S’ensuit une quête, où l’on se débat dans ce qui semble être l’avènement d’un monde au capitalisme débridé et décomplexé. Heureusement, des êtres de la nuit ont survécu… Voilà un récit qui va nous faire apprécier nos nuits étoilées, confortablement blottis dans les bras de Morphée.

1er mars 20h30, Théâtre de l’Esplanade, Draguignan. Rens: theatresendracenie.com
(photo : La dernière nuit du monde © Christophe Raynaud de Lage)