Nuits du Sud : la continuité dans le changement ?

Nuits du Sud : la continuité dans le changement ?

Une page se tourne… Après 24 ans à la tête des Nuits du Sud de Vence, festival qu’il a fondé et développé, Téo Saavedra a passé la main. Avec Matthieu Ducos, s’ouvre un nouveau chapitre…

Hommage a été rendu à Téo Saavedra par la Ville de Vence lors de la présentation de la nouvelle équipe, saluant « le travail passionné de Téo, son engagement pour défendre la diversité culturelle, sa ténacité à maintenir un festival accessible pour tous autour des valeurs de partage, de découvertes musicales et de convivialité. Les Nuits du Sud est aujourd’hui grâce à lui, un évènement culturel d’envergure nationale soutenu par des partenaires fortement engagés.« 

La prise de relais est assurée par un consortium rassemblant Radio Nova, station atypique à la programmation exemplaire et originale, et la société Garaca, qui gère notamment Rock en Seine ; le lien entre ces structures étant Matthieu Pigasse, leur propriétaire. Déjà Président des Eurockéennes de Belfort, le banquier d’affaires a créé les Nouvelles Éditions Indépendantes, structure qui regroupe l’ensemble de ses participations dans les médias, dont Le Monde et Huffington Post pour l’information, Les Inrockuptibles et Radio Nova pour la culture, et donc Rock en Seine (avec EMG comme co-traitant), pour la musique. Actuellement dirigé par Matthieu Ducos, le festival parisien est devenu la locomotive événemen-tielle de cette holding créée en 2009.

Cette nouvelle direction des Nuits du Sud marque donc son intérêt pour un autre genre musical, plus « sono mondiale », semblerait-il. Cette annonce est aussi l’aboutissement d’une bataille importante menée afin d’éviter la mise sous tutelle américaine (Live Nation, EMG) des grands festivals français, et aussi, peut-être, une manière d’éviter que Vivendi/Canal+ et Bolloré ne viennent s’occuper de « culture » avec tout ce que cela peut présager au regard de la liste de leurs éditorialistes ou, pire, ex-éditorialistes (suivez mon regard… Petit indice en page 32 de ce numéro). Pigasse serait-il un oligarque social-démocrate ? En attendant, il mène le combat.

« L’idée est de conserver le socle qui fait la force et l’identité du festival. On ne veut pas du tout renverser la table et balayer d’un revers de manche », assure le néo-directeur artistique et coordinateur des Nuits du Sud, Matthieu Ducos. « On veut s’appuyer sur l’ouverture et la diversité : musiques du monde, nouveaux talents, découvertes. On veut garder le lien qui existe avec les festivaliers historiques et pourquoi pas faire des incursions sur des esthétiques différentes pour chercher un public moins habitué. » Garder l’état d’esprit de ce festival mythique tout en lui ajoutant un zeste de modernité constitue un beau challenge. Nous attendons la nouvelle programmation avec curiosité !

Rens: nuitsdusud.com
(photo : Matthieu Ducos © Christophe Crenel)