
02 Mar Eh bien, dansons maintenant !
L’heure est à la Fête : elle sera signée Arthur Perole ! Mais auparavant, de multiples moments de danse auront été partagés dans ses visages les plus variés, lors du festival L’ImpruDanse, organisé par Théâtres en Dracénie. Du 24 mars au 2 avril, la nouvelle programmation, imaginée par sa directrice Maria Claverie-Ricard, réunira aussi bien des noms reconnus que de jeunes chorégraphes prometteurs, sans oublier quelques moments partagés : masterclass, projections cinéma et une exposition photo de Guy Delahaye consacrée à l’immense Pina Bausch.
C’est le retour de L’ImpruDanse, au sens noble du terme : celle qui s’éloigne de la prudence de situations convenues pour s’ouvrir à la découverte. Celle-ci passe donc par la place donnée aux jeunes chorégraphes qui, à travers un festival bénéficient de l’expérience de leurs aînés et de leur regard sur l’évolution d’une danse qui n’en finit pas de se (re)découvrir ?
Un avenir chargé d’espoir
Arthur Perole fait partie de ces espoirs : il est donc devenu artiste associé et bénéficie de ce fait d’un cadre de création favorable. L’ImpruDanse lui offre deux soirées qui permettront d’apprécier plusieurs facettes de son travail. Dans Nos corps vivants, c’est un besoin de partage qui exulte, une nécessité de libérer les émotions pour relier les êtres entre eux. La singularité d’Arthur Perole tient au fait qu’il donne à sa danse un tour cathartique dans une société en mutation. On le retrouvera ensuite pour un final festif au-delà de toute attente, transformant la danse en une réunion commune qui transporte joyeusement de lieux en surprises, de performances en invitations. La Boum Boum Bum est un moment surprenant et innovant, qui rompt avec la notion traditionnelle de forme du spectacle pour permettre au public d’être activement témoin de ce qui se déroule sous ses yeux.
La société est également ce qui inspire Julien Fournier dans son travail de création Burning (je ne mourus pas et pourtant nulle vie ne demeura). De façon évidente, mais remplie de poésie, l’artiste renvoie l’image d’un quotidien éreintant qui semble ne plus vraiment avoir de sens. Comment survivre dans un environnement qui ne jure que par la productivité ? De la chute à l’envol, le pouvoir de l’artiste tient dans sa capacité à se réinventer.
Tout autre est l’univers d’Amala Dianor qui fait rayonner l’énergie de la danse hip-hop. Avec ses deux complices Johanna Faye et Mathias Rassin, ils proposent de remonter le temps : c’est Point Zéro, une nouvelle création qui interroge sur l’évolution de la danse hip-hop à travers trois énergies différentes qui finissent malgré tout par se retrouver. Amala Dianor offre également à la danseuse Nangaline Gomis la version féminine de son solo Man Rec. Wo Man devient la version féminine d’un témoignage riche et pluriel.
Plus traditionnel, mais riche d’une belle diversité, le Cannes Jeune Ballet Rosella Hightower a la faculté de toujours émouvoir. Ses jeunes danseurs en phase de professionnalisation possèdent déjà toutes les qualités de futurs grands interprètes. L’enseignement fondé sur une formation pluridisciplinaire, qui allie l’exigence de la technique classique et le relâché de la danse contemporaine, permet aux danseurs de maîtriser une large palette de créations dans lesquelles la virtuosité du geste et l’émotion transmise se rejoignent avec bonheur. C’est ainsi que leur répertoire jongle des pointes de Marius Petipa au pur contemporain de Carolyn Carlson, en passant par le néo-classique de Jean-Christophe Maillot ou Thierry Malandain.
Des chorégraphes de renom
Michel Kelemenis a fêté 35 ans de création et plus d’une dizaine d’années à la tête de KLAP – Maison pour la danse, basée à Marseille. Il est à l’origine de très nombreuses créations pour sa compagnie, mais aussi pour de grandes institutions comme l’Opéra National de Paris, l’Opéra de Genève ou le Ballet National de Marseille. Depuis 2008, il aborde également des spectacles sous un angle plus familial, qui n’ôte en rien à la qualité de son écriture chorégraphique, tout en y rajoutant une dimension éducative déclenchée par le jeu du corps, qui vient parler à tous avec subtilité par le biais du travail de l’imaginaire. Il n’est d’ailleurs pas rare que Michel Kelemenis intègre à ses créations des thèmes d’actualité. À travers Légende, il aborde la dégradation environnementale en concevant une fable chorégraphique dans laquelle les animaux ont disparu.
Jérôme Bel pour sa part s’attaque à une personnalité unique et révolutionnaire qui a ouvert grand les portes à la danse contemporaine. Le chorégraphe s’est inspiré du roman qui retrace la vie tumultueuse d’Isadora Duncan, de San Francisco à Nice, multipliant les aventures, d’une vie de luxe aux difficultés financières, rebondissant, innovant, mais toujours restée fidèle à l’idée qui a guidé son existence : ce besoin absolu de liberté. C’est la danseuse Elisabeth Schwartz qui porte ce spectacle biographique dans lequel textes et solos illustrent le caractère unique de l’œuvre de la danseuse aux pieds nus.
Enfin, Emanuel Gat insuffle un vent de gaieté avec une pièce vitaminée qui s’éloigne de son travail habituel pour offrir une création qui pourrait nous faire penser à une comédie musicale. Bienvenue à bord de Lovetrain2020 pour se laisser porter par une danse explosive et optimiste sur une bande-son très pop années 80, puisque le chorégraphe a choisi la musique d’un groupe phare de l’époque, Tears for Fears, pour faire danser les corps. Un festival qui décidément laissera une large part à des moments joyeux et vivants !
CHANGEMENT DE DERNIÈRE MINUTE !
La représentation de Hora par la Batsheva Dance Company ne pourra avoir lieu, la compagnie ayant décidé d’annuler sa tournée européenne en raison des difficultés liées aux restrictions sanitaires. Le spectacle sera remplacé par Folia de Mourad Merzouki. Le danseur et chorégraphe français, directeur du Centre chorégraphique national de Créteil et du Val-de-Marne / Compagnie Käfig, y explorera les rythmes populaires des tarentelles italiennes avec les musiciens du Concert de l’Hostel Dieu. En force et en nombre, ils s’emparent d’une fusion des genres inso-lite, qu’ils placent sous le signe du partage et de la générosité.
24 mars au 2 avr, Théâtre de l’Esplanade & Auditorium de la Dracénie – Pole Culturel Chabran, Draguignan. Rens: theatresendracenie.com
(photo : Lovetrain2020 © Julia Gat)