11 Mar Agnès Jennepin, une effrontée de la peinture
Dans le cadre de la Journée internationale pour les droits des femmes, en mars, l’artiste plasticienne Agnès Jennepin expose sa série, Les Effrontées, à la Bibliothèque Louis Nucéra, à Nice. Architecte, aviatrice, footballeuse, styliste de mode, physicienne, géologue, avocate, actrice, peintre, sculptrice, autrice… Ces femmes d’exception sont toutes des effrontées. De Mileva Einstein à Suzanne Valadon et Eileen Gray, toutes ont été plus ou moins effacées par l’Histoire, la plupart du temps écrite par des hommes. Agnès Jennepin leur rend hommage à travers sa peinture.
Quels sont votre parcours et votre formation ?
Mon parcours n’est pas rectiligne : bac scientifique mathématique physique avec des cours d’art en option, infirmière en France, en Suisse, en Allemagne, à Monaco, dont 10 ans en chirurgie cardiaque, et à l’âge de 35 ans, changement de vie ! J’ai suivi une formation en histoire de l’art contemporain et en pratiques picturales, en dessin, en perspectives, tous les ateliers de l’école d’arts plastiques de Nice en cours d’adultes pendant 10 ans. Parallèlement j’ai une formation de mosaïste et de vitrailliste dans des ateliers privés.
Quels matériaux aimez-vous travailler ?
Je travaille sur tout support, mais j’apprécie principalement le travail sur papier. J’ai plusieurs domaines de recherche en peinture, le paysage (interaction entre figuration et abstraction, mémoire et imagination) et les portraits.
Pourquoi avoir choisi de peindre des femmes ?
Je peins plus particulièrement les femmes parce que l’on parle bien de ce que l’on connait bien, il en est de même en peinture… Beaucoup d’esquisses de modèles vivants féminins, d’autoportraits façonnent le regard et la main. L’humain, la psychologie, la sociologie, par ma formation initiale m’intéressent.
Comment avez-vous choisi vos Effrontées ?
Les Effrontées sont toutes entrées dans ma vie, de l’adolescence jusqu’à aujourd’hui, par la lecture, des émissions, des documentaires, un intérêt pour leur domaine de recherche, leurs engagements. En tant que femme, mère de deux jeunes femmes, je me sens très concernée par ce sujet.
Pourquoi « effacez-vous » ces femmes ?
Je travaille depuis 10 ans sur la notion d’effacement. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas le geste en lui-même, mais la trace qui en résulte, le lien avec la mémoire, le souvenir. Effacer pour rendre visible, cela peut sembler paradoxal, mais suscite encore plus la curiosité et l’intérêt pour ce qui a été effacé. Mes dernières séries – Portraits bulle, Double Face, Se fondre dans le décor – proviennent toutes du geste d’effacement. Il y prend sens.
Quels sont vos projets ?
Mes deux dernières séries, Les Effrontées, et Se fondre dans le décor, restent ouvertes, je les poursuis donc avec tout le discours qui les accompagne. Je travaille aussi sur une sculpture, à la forme unique, mais sous différentes apparences, symbole d’humanité et de solidarité : la série À tous Cœurs. Considérant mon atelier comme un laboratoire de recherche, je m’autorise toute expérience de geste, de médium, de support, qui correspond au concept ou à l’idée que je défends.
Exposition Les Effrontées : 5 au 31 mars 2022, Bibliothèque Louis Nucéra, Nice. Rens: agnesjennepin.com
photo Une : Irène, 130x97cm © Agnès Jennepin