Apprendre à connaître, c’est apprendre à respecter

Apprendre à connaître, c’est apprendre à respecter

Comme pour faire écho à une partie de sa programmation, la scène nationale Châteauvallon-Liberté propose une 2e édition de Passion Bleue. Un Théma condensé sur un weekend, du 7 au 9 avril 2022.

Montée du niveau des océans, acidification, modification de la salinité, baisse de l’oxygénation, évaporation – et donc plus de réchauffement climatique… Tout le monde le sait (et beaucoup ne s’en soucient guère), le dérèglement climatique affecte aujourd’hui de manière durable l’écosystème marin – déjà bien fragilisé par la surpêche – pourtant en première ligne, puisqu’il permet aussi de réguler les températures sur Terre et la concentration de CO2 dans l’atmosphère. Un cercle vicieux qu’il faudrait briser rapidement, sous peine de voir les phénomènes extrêmes se multiplier.

Pourtant, dans le dernier rapport du GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat) publié fin février, synthétisant de manière factuelle les conséquences du changement climatique, l’un des chapitres abordés par quelque 270 experts – qui sont a priori loin d’être des « manches » – était dédié aux Océans et écosystèmes marins côtiers. Sa conclusion est sans appel : « le changement climatique d’origine anthropique – c’est important de le préciser, car certains pensent encore que l’Homme n’y serait pas pour grand-chose – expose l’océan et ses écosystèmes à des conditions sans précédent depuis des millénaires« . Tout cela ramené à une temporalité géologique, on peut clairement affirmer que notre mode de vie, et nos sociétés qui n’ont d’autres objectifs que la croissance et le profit à outrance – au bénéfice d’une minorité, rappelons-le –, pourraient bien condamner à moyen, voire à court terme, une grande partie de vie aquatique, et par rebond celle qui a – soi-disant – les pieds sur terre. Un événement comme Passion Bleue, organisé pour la 2e fois par la scène nationale Châteauvallon-Liberté, parait donc plus que salvateur !

Trois jours de plongée dans le bleu marin

Berceau de toute vie sur Terre, décor naturel de l’agglomération toulonnaise, la mer sera l’unique centre d’intérêt, un weekend durant. Rassurons direct les plus frileux : il n’est point question ici d’être donneur de leçons, mais plutôt de montrer à quel point la mer et les océans sont essentiels et magnifiques, et qu’apprendre à les connaître, c’est apprendre à les respecter et à les préserver. Femmes et hommes, artistes, scientifiques, navigateurs, explorateurs et décideurs politiques seront invité(e)s à créer, débattre et réfléchir, lors de rencontres, spectacles et projections. Le tout enrobé d’une exposition du photographe Bertrand Desprez, qui a répondu à l’appel du littoral azuréen pour immortaliser sa lumière hivernale.

Chacune des journées aura sa thématique propre. Si la journée du 7 avril sera dédiée aux Peuples de la mer, avec notamment une conférence d’ouverture éponyme du navigateur Marc Thiercelin (5 tours du monde en solitaire, 4 Tours de l’Antarctique, 4 Cap Horn en solitaire, 22 Transats Jacques Vabre, 7 Solitaire du Figaro, 5 Tours de France en équipage, soit un total de 700 000 km sur les océans… En gros, un aller-retour Terre-Lune… Ça vous pose un homme !), le vendredi 8 avril fera un focus sur l’Exploration marine. On y retrouvera, entre autres, Jean-Louis Etienne, médecin-aventurier qui nous racontera ses multiples périples et présentera l’avancée de ses recherches scientifiques. « Explorer, c’est engager son imagination au-delà des certitudes », souligne-t-il. Les climato-sceptiques devant l’Éternel feraient bien de méditer ces quelques mots…

Mer, aventure et écoresponsabilité, telle sera la thématique de l’ultime journée, sans doute la plus importante, puisqu’elle suppose une certaine implication personnelle de la part du public, notamment au travers d’ateliers de ramassage de déchets et de sensibilisation aux écogestes. Mais aussi et encore parce qu’elle proposera un concert immersif en deux parties : on évoluera parmi les cachalots dans le but de constater l’impact de l’homme sur la biosphère des grandes profondeurs avec Maxence Mercier, tandis que Léonore Mercier proposera, en création mondiale, Baptême, un trip vertigineux nous transportant des airs jusque sous la surface des océans. Le weekend se clôturera en dansant, avec la performance « sous-marine » et le film imaginés par la chorégraphe-danseuse Marine Chesnais. À mi-chemin entre le documentaire et le voyage sensoriel, Habiter le seuil offre une plongée aux origines aquatiques de l’homme. Et la boucle est bouclée…

PROGRAMME PASSION BLEUE
Jeu 7 avr – Peuples de la mer
Conférences de Marc Thiercelin, Roland Jourdain et Sophie Vercelletto
Vernissage de l’exposition de Bertrand Desprez
Ciné-rencontre Vendée Globe, 3 mois sans toi d’Hortense Hébrard
Ven 8 avr – Exploration marine
Conférence sur l’aventure du BathyBot
Table ronde sur les explorations sonores sous-marines
Conférence de Jean-Louis Étienne
Sam 9 avr – Mer, aventure et éco-responsabilité
Atelier appel aux volontaires – ramassage de déchets
Table ronde sur les nomades de la mer modérée par Boris Cyrulnik
Concert immersif de Maxence et Léonore Mercier
Conférence de Gilles Boeuf
Spectacle de Marine Chesnais

7 au 9 avr, Théâtre Liberté (Toulon) & Châteauvallon (Ollioules). Rens: chateauvallon-liberte.fr

photo : performance Marine Chesnais, Habiter le seuil © Vincent Bruno