Vivement demain

Vivement demain

En avril, le futur s’invite sur la scène Théâtre Liberté, à Toulon ! Un lendemain dystopique, problématique, catastrophique… Comme on les aime, car l’anticipation, c’est aussi un terrain de jeu pour créateurs déjantés, qui y abolissent les frontières du faisable, et de l’impossible.

Non pas un futur lointain, tout au plus un saut de puce dans l’avenir, Frédéric Fischbach vous emmenant en 2026 et Alain Behar en 2043. Mais un saut temporel qui suffit à prendre de la hauteur avec notre « ici et maintenant », et à faire le bilan de l’état du monde d’aujourd’hui. Si le constat est sombre (et comment pourrait-il être gai ? Pollution, guerre, inégalités…), pas d’inquiétude, vous vous sentirez bien, dans ces brillantes dystopies-là. Car la beauté du verbe y supplantera la laideur environnante.

En 1425, au milieu de ses travaux des champs, une toute jeune fille harangue Dieu, sans fin, dans une litanie fleuve : « Et rien, jamais rien, le règne de la terre n’est rien que le règne de la perdition, le royaume de la terre n’est rien que le royaume de la perdition. » Entre perdre totalement foi en l’Homme, qui ne sait que guerroyer et détruire, et porter haut une espérance brute, pure, inaltérable, Jeanne a choisi la voie de la lumière… Qui passe par bien des ténèbres, il est vrai ; c’est Le Mystère de la Charité de Jeanne d’Arc de Charles Péguy, long poème incantatoire, dont nous avons partagé un court extrait pour en savourer la puissance. Frédéric Fishbach, le transpose en 2026 donc, dans Vivre ! Mise en garde puissante d’une Jeanne-Greta Thunberg-Cas-sandre, condamnée à prêcher dans le désert. L’écoutera-t-on enfin ?

Avançons en 2043. « Il semble qu’un truc en général s’est détraqué plus vite qu’on ne le pensait en particulier, et pas du tout comme on croyait le savoir. » C’est-à-dire que le sens de rotation de la terre s’est inversé. Grosso modo, le temps est devenu une donnée élastique, et tout part en vrille. Y a-t-il encore 24 heures dans une journée ? Parfois oui, parfois non, et les calamités sont venues, mais pas par où on les craignait, bien au contraire. Par exemple, il ne cesse de pleuvoir. Au temps pour l’assèchement des sols tant redouté… Si vous ne connaissez pas Alain Behar, foncez vous repaître de ses lectures délicieuses – et nous vous l’assurons, il vaut toute une troupe, seul sur scène. D’un côté vous aurez La Gigogne des Tontines, ou un « conte communiste préhistorique » basé sur l’histoire des assurances (la tontine étant l’ancêtre des caisses de prévoyance), et de l’autre, notre fameuse dystopie évoquée plus haut, La clairière du grand n’importe quoi, qui vous donnera envie d’être déjà à ce lendemain qui déchante. Juste pour rire et découvrir ces histoires minuscules coincées dans la Grande Histoire comme autant de grains de sable dans un rouage.

Vivre ! : 5 au 7 avr 19h30
La gigogne des tontines : 26 avr 20h / La clairière du grand n’importe quoi : 27 avr 20h
Théâtre Liberté, Toulon. Rens: chateauvallon-liberte.fr

photo : Vivre ! © Tuong Vi