
29 Juin Le courage des oiseaux
La Station propose une grande exposition collective avec une quarantaine d’artistes intitulée Le Courage des Oiseaux. En écho à l’exposition Power Flower au 109, dans le cadre de la Biennale des Arts à Nice dédiée aux Fleurs!, elle se penche par extension sur le rôle des artistes dans la dissémination des formes et des idées au cœur de la société, comme une pollinisation, un ensemencement d’idées.
Il n’était pas question ici de rajouter de la fleur à la fleur, mais plutôt de « faire un pas de côté » en parlant des phénomènes qui expliquent leur apparition : à quoi servent-elles dans la nature ? Comment passe-t-on de la fleur à la pollinisation, et donc quel est le rôle des pollinisateurs comme les oiseaux, mais aussi les insectes, voire le vent ? D’où ce titre, qui fait aussi référence à la chanson de Dominique A. Par extension, on peut considérer que les artistes sont, des pollinisateurs, des vecteurs d’idées, de formes. Ils « pollinisent » en quelque sorte les cerveaux humains pour y transférer du beau, de l’idée et de la pensée. Il est question ici de recenser-dénombrer tous les moyens existants afin de disséminer, propager, ensemencer notre environnement naturel ou professionnel par l’Art. Pour expliquer cette démarche, citons quelques exemples.
Une pièce d’Aïcha Hamou, Strange fruit titre d’un «tube» de Billie Holiday (repris par Nina Simone), parallèle entre les fruits accrochés aux arbres et les esclaves noirs pendus par les esclavagistes et les suprématistes aux USA. Moins politique et plus poétique : Erik Samakh, avec un frêne sans écorce qui se transforme en caisse de résonance pour un bruit qui n’est autre qu’un… essaim d’abeilles. Il vit à la campagne et cette technique rappelle celle adoptée par Michel Rédolfi pour le Tramway à Nice, où la coque des wagons sert de caisse d’amplification et de diffusion du son. Guilhem Roubichou, qui vit dans un environnement très rural, se réapproprie son quotidien et sa culture «néo-rurale» en les déplaçant dans le champ de l’art. Pour cette proposition, il utilise un «pare vue» vert et y fait pousser du lichen (champignon). Ainsi reprend-il une technique agricole qui utilise volontairement la nature. Le lichen doit d’ailleurs être arrosé et prend une teinte jaune-orangée qui, sur le vert du brise-vue, fait ainsi une jonction entre politique, géographie d’un territoire donné et peinture…
Ces utilisations du paysage rural racontent quelque chose de la pratique artistique en ruralité. Avec son installation, Mathieu Schmitt démontre quant à lui qu’en captant l’influx électrique des plantes on peut les faire jouer à un jeu électronique. Preuve qu’elles sont bien vivantes et connectées, un peu comme les arbres qui connectent entre eux leurs racines, pour créer une sorte de « toile », leur permettant ainsi de communiquer. Le «net» n’a rien inventé ! La nature connecte déjà l’inattendu…
Jusqu’au 24 sep, La Station – Le 109, Nice. Rens: lastation.org
photo : vue de l’exposition, au centre : Erik Samakh, Essaim n°1, 2018, © JC Lett