Lambert Wilson chante Kurt Weill

Lambert Wilson chante Kurt Weill

On le connaît surtout pour ses rôles au cinéma et au théâtre, mais Lambert Wilson a une autre passion, le chant, qu’il cultive et perfectionne depuis 40 ans. Anthéa accueille, lors de sa soirée anniversaire le 5 avril, ce génial touche à tout dans un tour de chant en hommage à Kurt Weill, où il revisite les indémodables chefs d’œuvre du grand mélodiste, entre cabaret et opéra, jazz et music-hall.

« Chanter est pour moi plus qu’un hobby (..) J’ai besoin que la musique soit toujours présente dans ma vie, je l’ai compris durant le confinement« , a déclaré Lambert Wilson. Dans les années 90, je l’avais rencontré à l’Opéra de Nice lors d’une masterclass d’un grand ténor lyrique, Nicolai Gedda, et son humilité tout autant que sa ténacité dans le travail de ce registre si difficile m’avait étonnée et charmée. On se souvient aussi de son vibrant hommage à Montand en 2016, dans lequel il avait revisité les chansons emblématiques du chanteur-comédien. Un modèle sur lequel il trace ses pas.

En véritable homme de défi, amoureux des mots, Lambert Wilson s’attelle aujourd’hui à Kurt Weil, compositeur honni des nazis qui avaient interdit l’ensemble de son œuvre considérée dégénérée, brûlant toutes ses partitions. C’est que le monsieur était juif et communiste ! Weil quitta à temps l’Allemagne pour la France puis les États-Unis. Il triompha avec L’Opéra de quat’sous créé en 1928 avec Bertolt Brecht, autre génie, inventant un genre nouveau de théâtre musical révolutionnaire, contre la « totale crétinisation de l’opéra« , qui exprimait une satire sociale féroce. Lui qui se proclamait le « Verdi des pauvres » est parvenu à créer une alliance originale entre musique savante et musique populaire. À l’image d’Alabama Song, titre qui fut ensuite popularisé par les Doors en 1967, puis par Bowie en 1978. L’influence de Kurt Weill fut immense.

C’est aux côtés de l’inclassable Bruno Fontaine, pianiste, chef et arrangeur, que ce spectacle a été créé. Il retranscrit la palette de trois ambiances correspondant à la vie du compositeur: « La partie allemande de 1928 à 1933, le passage de deux ans en France où il a adapté son style à la chanson française populaire, puis l’Amérique, Broadway« . En compagnie du Lemanic Modern Ensemble, cette soirée sera donc l’occasion d’entendre des extraits de L’Opéra de Quat’sous, Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny, Chansons allemandes, Happy end Love life, Marie-Galante, Chansons françaises, Street Scene, Love Life, Lady in the dark, ou encore One touch of Venus. Incroyablement actuels ces titres, non ?

5 avr 20h30, Anthéa, Antibes. Rens: anthea-antibes.fr

photo: Lambert Wilson chante Kurt Weill