03 Juil Un autre monde est-il possible ?
Comme chaque été, la Villa Arson propose trois expositions. Celles-ci qui portent de nouveaux regards sur les années 90’s et leur internationalisme, sur la céramique, mais aussi sur l’Algérie contemporaine… Ou comment d’autres possibles pourraient devenir libérateurs.
L’exposition Rewinding Internationalism est liée à un projet de recherche mené par Nick Aikens qui analyse la construction de l’internationalisme – forme d’imagination et de pratique des relations qui s’opère entre les frontières – au travers de plusieurs scènes artistiques en Europe et dans le monde. Elle consiste en la production de 5 nouvelles œuvres, ainsi que des prêts et des documents d’archives provenant de collections publiques et privées. Ce dialogue permet de mettre au jour les implications qui lient les années 1990 à notre époque traversée par des crises écologiques, biologiques et géopolitiques de plus en plus profondes et continues.
Deuxième exposition, Resonating Ceramics donne à voir les travaux réalisés par les étudiants de quatre écoles supérieures d’art dans le cadre du projet de recherche-création ECART – European Ceramic Art & Research Team. Les 20 participants ont travaillé la relation entre le matériau céramique et le son, tout en liant leurs recherches à la notion de rituel. Objets utilitaires, objets symboliques, objets performatifs, les pièces présentées brouillent les sens, la perception visuelle et sonore.
La troisième exposition est celle de l’artiste algérienne El Meya. Née en 1988 à Constantine, elle vit et travaille à Alger. Pour son premier solo show en France, elle présente une série de peintures réalisées dans son pays et au cours de sa résidence à la Villa Arson durant le printemps 2023. D’après l’artiste Fayçal Baghriche, le titre de l’exposition Jazira, se réfère au mot « île » en arabe qui selon certains historiens expliquerait qu’un groupe d’îles au large d’Alger ont été progressivement reliées à la ville. La terre s’est ainsi appropriée la mer, de la même manière que l’Algérie s’est nourrie de toutes les cultures qui l’ont côtoyée au fil des siècles : récits phéniciens, romains, berbères, arabes, ottomans, juifs, espagnols, français… Les syncrétismes religieux et sociaux qui découlent de ces croisements constituent la toile de fond de la société algérienne. Sa peinture est donc sous-tendue par des goûts hérités de courants qui imprègnent l’Histoire de l’art jusqu’à la création contemporaine : art moderne, islamique, influences persanes… El Meya s’intéresse tout particulièrement aux représentations orientalistes qui dépeignent une population locale fantasmée par le regard colonial. Elle en extrait des situations singulières de personnages, lieux et images censées représenter l’Algérien et l’Algérienne. « Par mes peintures j’essaye de raconter l’Algérie d’aujourd’hui à partir de mon regard subjectif d’artiste algérienne qui ne cherche ni à rétablir l’orientalisme d’autrefois ni à appliquer une déconstruction des savoirs hérités du passé, mais avec le désir de créer des images nouvelles, celles d’un renversement de perspectives qui rend aux histoires, aux lieux, aux faits, leur complexité et leur diversité. »
Jusqu’au 27 aou, Villa Arson, Nice. Rens: villa-arson.fr
photo: vue de l’exposition Jazira de El Meya, Villa Arson © J.C. Lett