Oslo : une destination capitale

Oslo : une destination capitale

La première fois que j’ai vu des Ø ou des Å, c’était dans Astérix et les Normands. Ah, les Vikings ! Leur amour de la crème, leur chef Olaf Grossebaf et tous ses amis au nom finissant en «af» ? La seconde fois, les Ø ou les Å, c’était à Oslo. Eh bien, avec ou sans crème, la capitale de la Norvège mérite tout à fait l’escapade. À seulement 2h50 de vol de Nice, vous pourriez bien vous prendre une «grossebaf», tant les musées, le fjord, les îles et l’art de vivre osloïtes sont séduisants. Attention, cela reste une destination chère, même si l’on sort des sentiers battus… C’est parti pour un «troll» de voyage de 6 jours !

Jour 1

Louer un hôtel près de la gare ferroviaire et de la gare routière s’avère bien pratique, notamment pour ne pas perdre de temps avec la liaison aéroport. Le coin est en partie détestable, en partie intéressant pour le côté multiculturel entre autres. Et l’on est tout près du centre, à pied. Illico, on emprunte la spectaculaire passerelle piétonne Akrobaten afin de rejoindre le quartier ultramoderne baptisé Barecod – soit code-barre, car la ligne des immeubles y ressemble. En fait, compte tenu de la taille d’Oslo, vous pouvez tout ou presque faire à pied. Sinon, optez pour le vélo et/ou le bus, le tram, ou encore le métro en fonction de votre programme.

De là, vous découvrez la baie de Bjørvika, et son spectaculaire opéra en marbre blanc italien : une totale réussite architecturale, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, avec son esplanade qui l’entoure, et monte depuis la mer pour offrir une vue imprenable sur le fjord. Un lieu de balade unique pour les promeneurs ! Autre particularité, cet opéra met en valeur décors, costumes et accessoires que l’on peut admirer dans des vitrines de part et d’autre du bâtiment. Et de nuit, l’ensemble devient tout bonnement magique.

Au milieu de cette baie flotte une sculpture d’iceberg incliné, en verre, métal et béton. Intitulée She Lies (Elle ment), cette sculpture est signée Monica Bonvicini. Cette œuvre mesure 12m de hauteur et tourne sur son axe en fonction de l’agitation de l’eau, ce qui lui permet de refléter la mer et le ciel sous plusieurs angles. Oslo recèle d’ailleurs un nombre impressionnant de sculptures en plein air, à – presque – tous les coins de rue.

Remarquable également dans cette zone ultra design le nouveau musée Munch, tel un gros pouce incliné à 45°, de 60 m de haut, signé par le cabinet de l’architecte espagnol Juan Herreros. Très originale aussi, la nouvelle bibliothèque Deichman, l’une des plus modernes d’Europe, sacrée meilleure bibliothèque publique du monde en 2021, avec son sommet en «porte-à-faux», décalé du reste du bâtiment.

Bien plus traditionnels, les différents saunas flottants le long des promenades du port, parés de bois, qui permettent aussi les bains de mer. À découvrir enfin, Salt, projet artistique nomade, avec baraques et terrasses en bois, pour se restaurer et boire un verre, mais aussi assister à un concert, une conférence et autre animation culturelle ou encore profiter de ses saunas géants.

À proximité, plusieurs autres musées mais aussi le petit marché aux fleurs, plus poétique encore la nuit. 

Jour 2

C’est parti pour une balade plus historique. Une fois dépassé le célèbre café-restaurant Skansen jaune, sa terrasse et sa cuisine typiquement scandinave, voici que se dresse la citadelle d’Akershus, avec son château, sa crypte royale, ses deux musées, ses espaces verts et sa vue sur les îles mais aussi sur les deux baies, Bjørvika et Pipervika. De magnifiques navires se laissent admirer et annoncent les quartiers très animés et récents d’Aker Brygge – point de départ des ferrys pour aller sur les îles et croisière sur le fjord – et de Tjuvholmen. Ici se cumulent expériences culinaires, architecturales et artistiques, dont le musée d’art moderne et contemporain signé Renzo Piano. Dans la foulée, le parc de sculptures arty, avec des œuvres de Louise Bourgeois ou encore d’Anish Kapoor mérite quelques pas supplémentaires.

C’est aussi le quartier de Rådhuset, l’Hôtel de ville imposant tout en brique, avec ses deux tours, d’inspiration expressionniste, qui sert de point de repère à bien des bateaux. Ce bâtiment a un autre atout : il abrite des ateliers et des galeries d’art. Et c’est aussi dans ses locaux qu’est remis le prix Nobel de la paix chaque année. Sur son parvis, de nombreuses statues et une vue admirable sur la mer.

De là, vous pouvez soit vous diriger vers les Champs-Élysées osloïtes, puis flâner dans le parc du palais royal et admirer ce dernier, soit partir vers la presqu’île de Bygdøy et ses célèbres musées, résidence d’été du roi de Norvège. Sur cette presqu’île, vous plongerez dans un très harmonieux mélange de belles habitations traditionnelles, de culture et de nature – plages, cygnes, oies… 

Parmi tous les musées, laissez-vous séduire par celui du folklore norvégien, immense et en plein air. Ce musée présente plus d’une centaine d’habitats typiques norvégiens, de plusieurs époques, propose de nombreuses expositions, animations… Et, clou du parcours, sur une butte, la remarquable église médiévale tout en bois, déplacée de Gol à Oslo.

À noter, au cours de votre périple, vous croiserez nombre de cabines téléphoniques rouges recyclée en mini bibliothèque, CDthèque et ludothèque, gratuites. Judicieuse idée de recyclage !


Sculpture She lies, Monica Bonvicini © Laurence Fey

Jour 3

Jour de pluie ? Parfait pour visiter l’imposant et contesté nouveau musée Munch. Qu’on apprécie ou que l’on déteste son architecture, une fois à l’intérieur, on ne peut qu’être sous le charme de la conception, de la scénographie et des différents points de vue qu’offre le lieu sur le fjord. Sur 13 niveaux, ce musée à la gloire de Munch (plus de 26 000 œuvres), remplit largement son office et présente à chaque étage des surprises pour tous : chefs d’œuvres des Surréalistes (dont un exemplaire du Manifeste), de Dali, etc., salle pour le célèbre Cri, maison de Munch reconstituée et scénarisée, salle dédiée à la gravure, à l’art contemporain, salle avec labyrinthe en cartons pour enfants et anciens enfants, avec feutres pour écrire sur les murs de la salle comme sur les parois du labyrinthe… 

La pluie cessant, direction Ekebergparken, sur une colline avec vue sur la ville et restaurants panoramiques. Dans ce très beau parc, plus de 40 statues ou œuvres en plein air et pas moins que Rodin, Renoir, Maillol… Et plus près de nous, Damien Hirst, James Turell, Jaume Plensa… et des artistes locaux. De nombreuses traces du passé d’Oslo subsistent aussi, notamment des bâtiments Karlsborg de 1863, des ruines datant de l’âge de pierre et des tombes datant de 900 av. J-C. Avant d’arriver à ce parc, un Santa Claus rouge géant, à connotation sexuelle, œuvre du très controversé Paul McCarthy, trône au milieu d’un rondpoint. Les riverains le détestent !

Jour 4

La découverte du quartier de Grünerløkka s’effectue en longeant la rivière Akerselva depuis le centre-ville. Cette balade comporte nombre d’atouts : pont Ankerbrua avec ces sculptures de Dyre Vaa évoquant les héros de contes norvégiens, cascades d’eau, espaces verts, espaces de baignades, passerelles, quartier d’artistes de street art avec grandes fresques… Arrivés dans le quartier de Vulkan, c’est le moment d’un encas ou plus sous la bien connue halle de Mathallen, qui date de 1908, temple de la gastronomie, avec restos, cafés, boutiques… assez haut de gamme.

La promenade nous mène jusqu’à deux charmants quartiers avec de magnifiques maisons en bois de toutes les couleurs datant de la fin du XVIIIe et du XIXe et leurs jolis jardinets : Damstredet et Telthusbakken. Au-dessus, domine l’église Gamle Aker, la plus ancienne car datant du début du XIIe siècle, et son cimetière paysager, aux nombreuses statues (encore !) et qui compte des tombes célèbres dont celle du poète Ibsen et du peintre Munch.

À présent, direction l’immense et somptueux parc Vigeland, dessiné par l’artiste lui-même, de même que les grilles monumentales qui ouvrent le domaine. Plus de 200 statuent ponctuent le parc, dont le célèbre bébé en colère, mascotte d’Oslo, ou encore l’obélisque de corps enchevêtrés, monolithe de 14 mètres de haut. De nouveau, les sculptures, principalement des nus, à différents âges de la vie, ne font pas l’unanimité mais valent largement la visite. 

En repartant, au détour d’une rue, trois petites plaques dorées en laiton incrustées dans le sol devant un immeuble attirent notre regard : il s’agit d’un hommage à trois personnes déportées à Auschwitz, avec leur nom, leur année de naissance, l’année de leur déportation, la date et lieu de décès de chacun… Il y aurait ainsi 236 pavés de ce type à Oslo devant le dernier domicile des victimes. Et plusieurs milliers en Europe, dont en France, baptisées Stolpersteine.


Parc de sculptures de Vigeland © Laurence Fey

Jour 5

Il s’agit d’un jour de grand soleil donc cap sur les îles ! Très belle vision d’Oslo depuis la mer, son audace architecturale et culturelle panachée d’histoire. Au programme, deux îles sur quatre : l’île d’Hovedøya et celle de Lindøya. Hovedøya vaut l’arrêt pour ses petites plages, plus ou moins désertes, ses canons, et surtout ses ruines d’une abbaye cistercienne… Une halte bienvenue à l’auberge pleine de charme, avec des sandwichs au brie (!) notamment, et surtout les célèbres et délicieuses gaufres norvégiennes. Tour de l’île à la nature préservée puis embarquement vers l’île de Lindøya. Ah, Lindøya ! Coup de cœur pour cette réserve naturelle et tous ses adorables cabanons en bois de toutes les couleurs, qui donnent furieusement envie de revenir pour des vacances farniente. 

De retour sur la terre ferme, afin de prolonger l’esprit nature des îles, visite du beau parc botanique, ses sculptures animalières en bois et ses serres chaudes avec bassin aux lotus.

Le soir, découverte d’un lieu emblématique : Vippa. Au bout du port, au bord du fjord, ce grand hangar polyvalent abrite non seulement une dizaine de stands et foodtrucks, mais aussi une scène de concert, un stand de fripes… le tout avec un esprit éthique, durable et multiculturel, dans une ambiance de guinguette, avec terrasses, guirlandes lumineuses et vue sur les îles. On peut y manger polonais, syrien, mexicain, chinois… Un voyage en soi !

Jour 6

Le retour pointe son nez. Après un petit déjeuner en plein air, avec coussins et couvertures si besoin, découverte du nouveau quartier de Sørenga, gagné sur la mer. On peut y accéder notamment depuis le musée Munch. Après une expo photo en plein air, une sculpture hors-norme – 9m de hauteur pour 18 tonnes – et déjà iconique vient de rejoindre la jetée Inger Munch (sœur d’Edvard). Baptisée The Mother, elle est l’œuvre de l’artiste britannique Tracey Emin. De là, on dépasse des saunas, pour emprunter une passerelle littéralement au ras de la mer, qui vous donne l’impression de marcher sur l’eau… Et l’on accède à ce nouveau quartier, qui ressemble à un grand navire, qui privilégie les espaces verts et l’accès à la mer, avec, toujours, les îles en point de mire. De beaux et confortables transats ou bancs en bois, sur un grand ponton invitent à la sieste et à la contemplation.

En traversant pour quitter Sørenga, on passe par un vaste terrain en friche, avec encore des transformations en perspectives. Oslo n’en finit pas de se métamorphoser. Un tag indique en français : «Je vois la vie en rose». Décidément, une destination pleine de (bonnes) surprises !


Maison typique de Norvège © Laurence Fey

Rens: visitoslo.com, visitnorway.fr

photo Une : Opéra sur la baie de Bjørvika © Laurence Fey