Vivons la Ville !

Vivons la Ville !

Gilbert Pedinielli nous montre son urbanité, avec poésie et conviction, avec humour et précision, pour que la Ville soit plus humaine, pour parler à Nice, sa ville qu’il aime autant qu’il la déteste… Cet artiste, ce poète époustouflant de classe et de fraîcheur, expose au 109 à Nice, et bientôt à Bruxelles. Une leçon de vie et de peinture.

Gilbert Pedinielli reste fidèle à ses principes : « La peinture doit être l’expression d’une idée« , aime-t-il à répéter, et « capte le sujet comme l’artiste doit le faire. Je ne peins pas des couleurs, uniquement des valeurs« . Il a entamé une série de toiles dont les formats répondent au nombre d’or, base de chaque toile qu’il exposa chez lui en 2019. Il déroule depuis ces constructions géométriques qui bien souvent parlent de la Cité, de cet urbanisme où l’homme doit se repérer et vivre (survivre ?). Le processus de fabrication de chaque toile est immuable : toutes, une à une, sont lavées, repassées, teintées, peintes, essorées, repassées à nouveau, repeintes, repassées encore, et enfin cousues sur les bords. C’est là toute  la musicalité de la construction de son travail.

Avec ces travaux, il démontre que la ville peut être un lieu de rencontre et de vie, un espace cosmopolite. D’ailleurs plusieurs de ses toiles comportent des textes en allemand, en espagnol, en portugais, en italien, en anglais, et en français bien sûr. L’espace urbain est aussi un puzzle en construction permanente que Gilbert peint : Plan de ville, Château d’eau, Le tunnel, Le cimentier… Loin d’une vision aseptique, Gilbert offre un regard humain sur la Cité, tandis que certaines toiles de l’exposition nous rappellent à quel point la vie est importante, comme un plaidoyer « pédiniellien » pour une ville humaine.

Quand Gilbert parle de ville, il pense surtout à SA ville, car il entretient une relation forte avec Nice pour laquelle il nous offre un regard singulier, différent des clichés, des stéréotypes. Il peint et nous invite à regarder avec curiosité des lieux jamais représentés ou disparus. Il peint aussi des lieux de souvenir, les espaces de son enfance, des lieux fréquentés par lui et sa famille, à différents moments de sa vie. La toile Le camp d’aviation, actuel aéroport de Nice, est un clin d’œil à l’endroit où son père avait travaillé. « Je suis né à Nice, je vis à Nice, je mourrai à Nice« , aime-t-il à répéter. De même qu’il n’hésite pas à affirmer que « Nice est un théâtre permanent« . Son travail est une évocation constante de ses relations tumultueuses avec sa ville natale, de ses rapports amour/haine entretenus depuis l’enfance, sans renoncement ni fuite.

Car avec Gilbert Pedinielli le combat pour ses idées n’est jamais bien loin. Preuve en est avec, notamment, les toiles Nos vies valent plus que leurs profits, Monument au militant inconnu ou encore Le socialisme et l’électricité. Ces dernières, exposées au 109, sont aussi pour l’artiste l’occasion de souligner toute la richesse qu’offre à l’homme le tissu urbain en général, la ville ouverte, cosmopolite, généreuse… Ici ou ailleurs. Car, après ce rendez-vous niçois, Vivons la ville ! sera présentée à Bruxelles, Capitale de l’Europe, ville ouverte sur le monde et sur l’Autre, s’il en est ! Une double exposition en forme de renaissance pour Gilbert Pedinielli, qui découvre que rien n’est jamais fini, qu’une autre vie s’offre à lui. Lui qui croyait son point final se profiler, celui-ci d’exclamation et suivi de points de suspension comme pour dire, « à suivre »…

16 fév au 16 mar, Le 109, Nice. Rens :  le109.nice.fr

photo : Las mujeres sin velo (La femme sans voile) Gilbert Pedinielli, 2023 Photo © Mouloud Zoughebi