L’appel de la vie

L’appel de la vie

Jean-Claude Gallotta, l’homme aux mille danses, réinvente l’héroïne d’Homère dans son spectacle Pénélope, à découvrir à Draguignan, dans le cadre du festival L’ImpruDanse, et à Antibes.

Heureux qui comme Ulysse, parcourant le monde, ne pourrait avoir l’ombre d’un doute sur la loyauté de son épouse demeurée en son royaume. Pénélope, dont la beauté ne manque pas d’attirer les prétendants, incarne l’image de la fidélité. Ce sont les facettes de ce personnage mythologique que Jean-Claude Gallotta a décidé d’explorer pour évoquer l’amour tout en faisant un clin d’œil à son premier grand succès. Il y a plus de 40 ans déjà, son ballet Ulysse provoque un coup d’éclat dans le monde de la danse contemporaine. Les danseuses et danseurs, tout de blanc vêtu.e.s, envahissent la scène avec une fougue nouvelle que le chorégraphe vient tout juste de ramener de son expérience new-yorkaise aux côtés de Merce Cunningham. À travers cette pièce, il imprime son style caractérisé par les lignes nettes au milieu d’ensemble, par un rythme des corps et un goût pour la théâtralité. 

Aujourd’hui les danseuses et danseurs, tout de noir vêtu.e.s, s’élancent avec la même fougue. Un choix délibéré pour marquer l’univers dans lequel Pénélope est recluse, mais aussi une manière de concentrer l’attention du spectateur sur les seules émotions liées à la danse, un peu à l’image d’une chambre noire dans laquelle l’image apparait progressivement. Le regard que l’on porte sur elle varie selon les époques : femme faible et soumise ou au contraire forte et déterminée. Et si justement, elle tirait sa force de sa faiblesse ? C’est en tout cas l’idée qu’a souhaité explorer Jean-Claude Gallotta pour lui offrir « un nouveau statut de représentante protéiforme de toutes les femmes« . Dès le premier acte, l’héroïne se démultiplie et s’élance dans une chorégraphie nourrie d’un élan de vitalité croissant jusqu’à l’apothéose finale. Énergique, mais aussi sensuelle et charnelle, la femme d’Ulysse se fait guerrière et indocile. Elle fait le choix de la vie ! Au-delà du mythe, le chorégraphe défend aussi une certaine idée de la danse : « Une expression libre du corps qu’aucun pouvoir ne peut contrôler. C’est un art spontanément rebelle. »

2 avr, Théâtre de l’Esplanade, Draguignan. Rens: theatresendracenie.fr •  9 avr, Théâtre Anthéa, Antibes. Rens: anthea-antibes.fr

photo : Pénélope © Jérémie Pontin