Les Ouvreurs : la fierté arc-en-ciel en étendard

Les Ouvreurs : la fierté arc-en-ciel en étendard

Les festivals de films LGBTQIA+ sont une façon de lutter contre toutes les formes de discriminations que subit cette communauté, mais aussi une manière de mieux la faire connaître dans une période où l’intolérance (re)gagne du terrain. L’association azuréenne Les Ouvreurs trace la route dans notre région avec leur participation à la création d’une fédération nationale, des actions de terrain et bien sûr leurs Rencontres cinématographiques IN&OUT, qui se tiendront en avril.

Des actions de terrain

Depuis 2009, l’association niçoise Les Ouvreurs s’est engagée sur deux fronts essentiels : la lutte contre les violences sexistes et LGBTQIA+phobes, et la promotion des cultures queer. Son action s’étend dans divers domaines, allant de l’organisation de festivals de cinéma tels que les Rencontres cinématographiques IN&OUT, à Nice et Cannes, en passant par la mise en place de formations pour les professionnels de différents secteurs d’activité (tourisme, éducation, médico-sociale…) et par des interventions en milieu scolaire. « En 2023, nous avons assuré dans les collèges et lycées de l’Académie de Nice, 50 interventions à la rencontre de plus de 1750 élèves. Après un petit calcul, depuis 2009, nous affichons à notre compteur les chiffres vertigineux de 1508 heures d’intervention auprès de 23 805 élèves !« 

Très active sur le terrain et favorisant le travail collaboratif, la structure est membre de plusieurs réseaux associatifs aux horizons variés, et a notamment joué un rôle crucial dans la création du Collectif Fierté Toulon, initiateur de la Marche des Fiertés qui se tient depuis 2020 dans la capitale varoise. La Rade accueillera d’ailleurs, en décembre 2024, la très attendue 3e édition de la biennale Liberté + In&Out, co-organisée avec la scène nationale Châteauvallon-Liberté.

En octobre dernier, Les Ouvreurs lançaient également le ciné-club Gender Trouble, en partenariat avec l’association Les Culottées, qui a pour projet de promouvoir la culture et la visibilité des lesbiennes et des féministes progressistes. Queer et féministe donc, ce rendez-vous mensuel, qui se tient au Cinéma Belmondo à Nice, est ouvert à toutes et tous, que l’on soit membre de la communauté LGBTQIA+, allié·e engagé·e, ou simple cinéphile.

Une fédération LGBTQIA+ !

L’association, dirigée Benoît Arnulf, est donc sur tous les fronts ! Son dernier fait d’armes : la création de la Fédération Française des Festivals de Films LGBTQIA+, dont Benoît Arnulf assure la présidence. Cette fédération a été créée à l’initiative des équipes du festival Désir…Désirs de Tours. Elle regroupe 12 structures organisatrices de 14 festivals de films LGBTQIA+ en France, qui contribuent, chacune à leur manière, au rayonnement et à la visibilité des œuvres et des artistes façonnant le cinéma LGBTQIA+. Les objectifs sont clairs : promouvoir un cinéma d’auteur militant sur les questions LGBTQIA+, s’engager contre les LGBTQIA+phobies et pour la visibilisation des minorités, créer des espaces de dialogue, de coopération et de collaboration. C’est donc une fierté qu’un niçois soit à la tête d’une telle structure prônant l’ouverture d’esprit et la tolérance, car le Sud est en ce moment sous la pression d’une droitisation inquiétante. Benoit Arnulf est un militant engagé depuis toujours et un programmateur remarquable qui a permis de développer des festivals où rencontres, débats et découvertes ont fait leurs renommées.

IN&OUT passe la 16e 

D’ailleurs, le festival de cinéma queer qu’il compose chaque année alignera une 16e édition niçoise, du 18 au 28 avril prochain. Durant une dizaine de jours, les cinéphiles pourront assister à plus d’une trentaine de projections de films, pour la plupart en avant-première, accompagnées de rencontres avec des artistes ainsi qu’un grand nombre d’événements – expositions, lectures et performances, conférences

Cette année, deux temps forts vont irriguer la programmation. D’une part, le rôle de la Radicalité dans les luttes pour les droits des personnes LGBTQIA+, avec notamment les venues du philosophe Geoffroy De Lagasnerie et des cinéastes Matthieu Morel et Léolo Victor-Pujebet, à la Villa Arson, les 19 et 20 avril. D’autre part, l’exposition Queer California, présentée au 109 du 23 au 29 avril, qui s’intéressera à l’histoire de la communauté LGBTQIA+ californienne. Vous y retrouverez, entre autres, le parcours des Sœurs de la Perpétuelle Indulgence – que le grand photographe Jean-Baptiste Carhaix avait contribué à nous faire découvrir. Né à San Francisco le samedi de Pâques 1979, grâce à un groupe de militants homosexuels, cet « ordre » de religieuses queer a notamment œuvré pour éviter aux malades du sida d’être pourchassés comme des pestiférés par une « moral majority » digne plus hypocrite des Tartuffe aux USA. Militant.e.s et radicaux.ales, ces « sœurs » ont eu le courage d’aller à contre-courant de ceux qui semblaient annoncer les prémices de l’effrayant Qanon que nous connaissons aujourd’hui, tant il est vrai que les LGBTQIA+phobies sont toujours un signe de montée de l’obscurantisme et de l’esprit totalitaire.

Autres moments attendus : David Lambert viendra présenter son dernier long métrage Les Tortues lors de la soirée d’ouverture, tandis que se tiendra, pour la 1e fois à Nice, une Nuit du queer métrage consacrée aux formats courts, en présence de quelques réalisateurs. Le programme complet sera dévoilé le 8 avril, lors d’une grande soirée au Sunset, au 69 Quai des États-Unis, qui permettra aussi de découvrir l’album anniversaire des 15 ans d’IN&OUT, reconstituant en 120 pages la mémoire de ce festival pas comme les autres.

18 au 28 avr, lieux divers, Nice. Rens : lesouvreurs.com

photo : Les tortues – David Lambert © Outplay Films

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