Le cri du Caire retentit

Le cri du Caire retentit

Le Cri du Caire, c’est tout autant un chuchotement, un feulement, un sourire, une confidence… Qu’un vrai cri, une indignation, un refus, une exigence… C’est aussi le nom de la formation emmenée par Abdullah Miniawy, en concert au Plongeoir à Grasse, le 22 mai.

Né en Arabie saoudite, Abdullah Miniawy migre en Égypte en fin d’adolescence, à El-Fayoum, l’ancienne Crocodilopolis, avant de découvrir Le Caire en pleine ébullition de Printemps. C’est là qu’il commence à écrire, fredonner, composer et se faire entendre, entre certains de ses contemporains. Il fait les yeux doux au slam et raconte : ce qui l’entoure et le préoccupe ordinairement, puis ce vers quoi il pourrait grandir ; la poésie du quotidien se mêle aux aspirations du soufisme. Le Printemps arabe, qui jaunit en Automne précoce et désillusionné, Abdullah Miniawy en donne un écho amer et lucide qui rencontre un succès immédiat. En Europe, il rencontre des musiciens et des traditions musicales différentes qu’il séduit immédiatement. Il faut dire que les différents univers sont particulièrement élastiques et compatibles : c’est avec Peter Corser, Karsten Hopchapfel et Érik Truffaz que s’élève donc ce Cri du Caire.

Quatre voix très différentes donc, mais partageant une nostalgie légère et une énergie vitale qui gonfle sous son voile. Peter Corser est un saxophoniste anglais à la tonalité pleine, bien ronde, mais qui se garde d’un vibrato lyrique. Le son roule autour d’un rouet qui soupire sans fin et se souvient des polyphonies méditerranéennes. Karsten Hopchapfel a un violoncelle multifonction, qui crisse autant qu’il peut rappeler les rebonds voluptueux du baroque. Quant à Érik Truffaz qui a rejoint cette aventure, on connait bien l’étendue de sa palette : c’est l’extrême de la caresse, un chant qui s’étrangle ou chuchote, un timbre tendre et narquois… Ces trois voix, sur leurs pieds de velours, portent celle d’Abdullah Miniawy, à peine nasillarde, tremblée, mordante, qui s’essaie au trille, au battement vers le quart de ton.

22 mai, Le Plongeoir, Grasse. Rens: FB eca500

photo : Le Cri du Caire © Luc Greliche

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