23 Avr Sensuels Printemps du Monde
Les Printemps du Monde sont de retour, avec ce pluriel, si souvent galvaudé, qui ici trouve sa pleine signification. Printemps multiples et disséminés qui éclosent cette année dans cette Provence Verte dont la sensualité respire à ces premières chaleurs, et pour la première fois en Dracénie.
Pour ces Printemps 2024, qui se déclinent pour la première fois en deux temps – du 17 au 19 en Provence Verte, et du 6 au 8 juin en Dracénie –, le Monde se déroule plutôt vers le Sud qui s’éveille avec des fourmis dans les jambes… Avec d’abord une attention particulière à des mémoires voisines, presque oubliées, mais qui grésillent comme des braises tout près de nous : autour de Marie-Madeleine Martinet, l’ensemble Tant que li Siam (Pendant qu’on y est) renouvelle les polyphonies du Ventoux, où les noces du vieux provençal croisent des percussions corporelles, entre mémoire et transmission.
Un peu plus à l’Ouest, on gratte les souvenirs de l’Albigeois et du Quercy avec La Talvera : danses immémoriales et instruments ressuscités – la craba, musette du centre de la France, comme la graile, l’une des innombrables formes de hautbois populaire, cet instrument de plein air qu’on entend à une lieue.
En descendant vers le Sud, avec Le bal du Beuel, on retrouve Sète et ses danses qui terminent les joutes nautiques, tandis que le Roccassera Quartet, raffiné, dansant, se rappellera au bon souvenir du jazz et des musiques populaires nissartes, et que Sylvie Auclair et son Chœur de la Provence Verte feront résonner une langue qui ne s’est jamais totalement éteinte.
Musiques d’ici et d’ailleurs
Ce Printemps étend également ses tentacules bien au-delà de la France méridionale. D’abord vers l’Afrique. Pas la plus lointaine, la Sahélienne, l’Afrique du désert et de la sécheresse, où à l’évidence sont nés les ancêtres du blues. Avec la voix rauque de Paamath liée à la guitare de Jean-Paul Raffit, Mburu nous fait parcourir en quelques minutes tout l’itinéraire de l’esclavage : mélopée lancinante et répétition hypnotique…
Et puisqu’on a évoqué ces infâmes traversées, on se retrouve naturellement au Nouveau Monde… Au Brésil, grâce à La Roda de Claire Luizi et Cristiano Nascimento qui mettent au jour des racines dansantes. La Bossa Nova a été ce merveilleux arbre qui cachait une forêt bien peuplée : les matchitches qu’on connaissait déjà en France au tout début du XXe siècle et servaient à s’encanailler… Œillades et déhanchements exotiques ! Mais aussi le forro, le frevo, ou même le condomble qui nous mène au vaudou.
Une brise opportune et cette tradition magique nous pousse vers la Louisiane et Cuba, où l’on retrouve la Cie du Bayou d’Alexandra Satger, puis, plus laïque, La Trova Project de Raphaël Lemonnier. Souvenirs de chansons chaloupées qui aident les corps à s’épouser : le son, le calypso, le mambo, tous ces rythmes qui ont enchanté l’Amérique du Nord, puis l’Europe, sont nés sur cette île où l’on dansait le soir sur les terrasses. La Salsa en découle voluptueusement, comme nous le rappelle Simon Bolzinger et ses deux orchestres…
C’est tout ? Presque ! On n’aurait garde d’oublier Hawaï et ses yodles du bout du monde. Ils s’échappent du ukulélé de Perla Crystal pour boucler cette boucle des Printemps du globe.
17 au 19 mai, Correns & Brignoles • 6 au 8 juin, Draguignan, Les Arcs, Châteaudouble. Rens: le-chantier.com
photo : La Talvera © J.L. Clercq Roques