
27 Juin Notes interdites
À Cagnes-sur-Mer, Gérard Taride nous offre une exposition exceptionnelle, qui ose aborder des sujets d’actualité : l’intolérance passée et actuelle, et la « fièvre » qui embrase la planète, la livrant à un flux d’informations qui fait monter la pression et la violence ou la censure. Musicien, c’est notamment au travers de ce médium et de son histoire qu’il livre sa réflexion… Sans oublier un clin d’œil à son père Bernard, plasticien lui aussi pour qui, le miroir, fut une manière de questionner nos égaux et nos… réflexions.
L’exposition s’étend à tout le Château Musée Grimaldi, thématisant toutes ses pièces du hall jusqu’à son belvédère. Lors de l’exposition de l’été dernier dans ce même site, Gérard Taride a reçu le Prix de la Ville de Cagnes, en partenariat avec l’Union Méditerranéenne pour l’Art Moderne (UMAM), présidée par Simone Dibo Cohen. Bonne fée de l’artiste, elle a ce talent de croire en certains talents et de les révéler au public, et en cela honore l’UMAM, association fondée en 1946 par Henri Matisse et Pierre Bonnard. Petite sélection des œuvres à découvrir au gré de votre déambulation…
Fibres Musicales
C’est une invitation à réfléchir sur la manière dont les ondes sonores se déplacent, se propagent et interagissent avec leur environnement. Cette œuvre souligne également la beauté des structures invisibles et des phénomènes physiques qui sous-tendent notre expérience auditive quotidienne. En matérialisant l’onde sonore, Fibres Musicales nous rappelle que la musique, bien qu’éphémère, laisse une trace durable dans notre conscience et notre environnement. Ces câbles qui relient l’entrée de l’exposition au reste des salles devenant les fils conducteurs de l’exposition sont aussi une invitation à non seulement voir les œuvres, mais aussi à les écouter.
In The Mix
In the Mix invite les spectateurs à reconsidérer leurs préjugés musicaux, à voir au-delà des genres et à apprécier la richesse des influences croisées. Il s’agit d’une invitation à l’ouverture d’esprit et à la célébration de la diversité culturelle, fondée sur l’idée que la musique transcende les frontières culturelles et temporelles.
Entartete Musik
Entre les années 1930 et 1940, le régime nazi en Allemagne a orchestré une vaste campagne de persécution culturelle, visant notamment la musique moderne, jugée « dégénérée » ou Entartete Musik dans la langue de Goethe. Cette notion, dérivée de l’expression Art dégénéré, utilisée par le régime pour dénoncer des formes artistiques contemporaines et avant-gardistes, reflète la volonté des nazis de contrôler et de censurer l’expression artistique. Vous y retrouverez, derrière des écrans sombres, des vidéos et des sons qui évoquent les malheureux musiciens qui furent non seulement interdits, mais surtout persécutés et assassinés. Dans la période où l’amnésie semble avoir frappé notre pays, il était bon de rappeler ce que notre Histoire commune doit à ce genre d’idées insupportables.
No Music
La musique, forme d’expression artistique universelle, reflète souvent la réalité sociale, politique, et culturelle de son époque. Cependant, en raison de son influence potentielle, elle a souvent été la cible de censures. La censure musicale peut prendre plusieurs formes : interdiction de diffusion, modifications de contenu – ou plus communément « formatage » pour soi-disant plus de lisibilité pour le grand public –, censure économique avec retrait des catalogues des maisons de disques ou des plateformes de streaming à la suite de pressions sociales ou politiques. Alors que la société évolue et que de nouvelles formes de musique émergent, les débats sur les limites de la censure musicale continueront à animer les discussions sur le rôle de la musique dans notre société.
Ego Drum
L’utilisation de miroirs sur la batterie et les murs symbolise l’ego du musicien qui se reflète non seulement en lui-même, mais aussi dans son environnement et son public. Cela met en évidence la nature bidirectionnelle de la performance : l’artiste influence le public, et le public, à son tour, influence l’artiste. L’ego, dans ce contexte, est un agent actif qui construit et déconstruit constamment les perceptions et les réalités partagées. Cette configuration rappelle que la construction de l’ego est un processus dynamique et évolutif, influencé par la réception du public et par la réflexion personnelle.
Stairway To Heaven
Titre bien connu du groupe Led Zeppelin, il accompagnera votre ascension du dernier escalier qui mène au belvédère le plus haut du Château pour vous livrer une vue exceptionnelle et quelques surprises… Ou le paradis peut-être… Qui sait ?
5 juil au 4 nov, Château-Musée Grimaldi, Cagnes-sur-Mer. Rens: cagnes.fr
photo : Projet No Piano, exposition Cagnes-sur-Mer 2024 © DR