27 Juin Trésors des routes de la soie
L’Hôtel départemental des expositions du Var (HDE Var) a été inauguré il y a tout juste trois ans à Draguignan, avec le souhait de s’ouvrir aux plus grands musées du monde, par des commissariats et des prêts d’œuvres exceptionnels. Pour l’exposition Les routes de la soie : entre vestiges et imaginaires, le partenariat a été construit avec le Musée national des arts asiatiques-Guimet et sa conservatrice des collections bouddhiques chinoises et d’Asie centrale, Valérie Zaleski.
L’exposition rassemble 350 pièces, des vestiges matériels, artistiques et historiques, témoins d’une période de 1500 ans, du IIe siècle avant notre ère (une époque de paix relative dans les empires chinois et romain), jusqu’à l’empire mongol de la dynastie Yuan au XIIIe siècle. Ces vestiges sont issus essentiellement de la collection du Musée national des arts asiatiques-Guimet, du nom de cet industriel français de la fin du XIXe siècle, passionné des civilisations extraeuropéennes qu’il a étudiées au cours de nombreux voyages et qui a fait don de ses collections à l’État français. C’est d’ailleurs l’un de ses contemporains, le géographe allemand Ferdinand von Richthofen, qui donna l’appellation de Route de la soie à ce complexe réseau de voies commerciales, alors abandonné depuis cinq siècles. « Il y a beaucoup de visions fantasmées aussi bien dans les sources latines que dans les sources chinoises. D’un point de vue chinois, les routes de la soie se situent uniquement en Chine, mais il y a plusieurs manières d’aborder les choses (…). La géographie a beaucoup d’importance« , nuance la commissaire Valérie Zaleski.
Sur ces milliers de kilomètres traversant l’Asie, de précieuses marchandises circulent, charriées par des hommes aux connaissances, croyances et traditions différentes. Pour permettre les haltes, les caravansérails accueillent les marchands et leurs bêtes où se côtoient voyageurs, missionnaires et pèlerins. L’exposition s’intéresse d’abord aux trajets et paysages via des photographies originales, prises aux côtés des explorateurs et archéologues européens du début du XXe siècle qui ont mis au jour ces édifices fortifiés. Les monnaies ensuite présentées prouvent l’essor du commerce de ces marchandises luxueuses, elles-mêmes utilisées pour le troc. Statuettes funéraires et manuscrits, dont un glossaire tibétain-chinois en papier, illustrent la diversité linguistique née des échanges entre les peuples et la vie quotidienne de la Chine antique.
Un volet dédié aux croyances est enfin déployé : les routes étaient empruntées par des groupes religieux considérés comme hérétiques, quand d’autres bénéficiaient du climat de tolérance qui régnait, favorisant la circulation des idées et des religions – manichéisme, zoroastrisme, taoïsme… Des manuscrits rares prêtés par la Bibliothèque nationale de France témoignent de la diffusion du bouddhisme à travers des traductions et retraductions au fil des siècles, jusqu’au-delà les territoires de ses origines. Parmi les raretés présentées, un manuscrit en langue ouïghoure, de ce peuple tristement mis en lumière au début des années 2000 par la révélation, notamment, des camps dits de « transformation par l’éducation » montés par le gouvernement chinois, des mesures de répression qualifiées de génocide par la France en 2022. Pourtant, souligne la commissaire, les Ouïghours sont les principaux héritiers de ces civilisations dont l’exposition permet de traverser les superbes richesses.
22 juin au 29 sep 2024, Hôtel Départemental des Expositions du Var, Draguignan. Rens: hdevar.fr
photo : Caravanier sur un chameau Milieu du 7e siècle. Provenance : Langzhou MA6721, Localisation : Paris, musée Guimet – musée national des Arts asiatiques © GrandPalaisRmn (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier