03 Sep Adieu Claude
Nice vient de perdre un des grands personnages qui ont fait rayonner la ville de Nice dans le domaine des arts contemporains : Claude Fournet, ex-directeur général des Musées de Nice, essayiste, romancier et poète, bienfaiteur de la jeune création, catalyseur de la scène artistique niçoise n’est plus.
Né en 1942, Claude Fournet a grandi dans le nomadisme familial, entre les Pyrénées, la Savoie et Paris. Élève peu studieux, il est formé par les Oratoriens. Après des études de droit et de philosophie, il est lecteur dans plusieurs maisons d’éditions, journaliste, et devient secrétaire de la chaire d’ethnobotanique du professeur Potters au muséum d’Histoire naturelle et de la revue Etudes. Il est nommé conservateur du musée Sainte-Croix des Sables d’Olonne (1972-75) avant de prendre la direction des musées de Nice où il reste jusqu’en 1997. Après deux ans passés à la direction des musées de Savoie, il entrera au Louvre comme responsable du département des acquisitions des manuscrits français et y restera jusqu’en 2002. Puis, il partagera sa vie entre la Bourgogne et Nice, où il continuera d’écrire jusqu’au bout.
Car à côté de cette impressionnante carrière, Claude Fournet a beaucoup écrit : trois romans, de nombreux essais et surtout de la poésie. Il était aussi photographe à ses heures, aimant faire des portraits « bougés » de celles et ceux qu’il appréciait, le fascinaient, ou le séduisaient.
Claude Fournet était un « personnage », par ses postures aristocrates et son goût libertaire pour l’existence. Cet être profond et délicat fut aussi un grand résistant : lorsqu’un maire arriva en affirmant que l’art contemporain était un art dégénéré et que les homosexuels l’étaient aussi, touché doublement, il se mit en réserve avec un répondant comme peu surent le faire !
Claude Fournet fut un catalyseur pour la scène plastique niçoise, beaucoup lui doivent : de l’école de Nice en passant par tous les autres mouvements. Il fut aussi un révélateur et ses cycles Attention Peinture Fraîche mirent en exergue nombre de jeunes créateurs, l’avant-dernier étant le déclic qui fit émerger la nouvelle Figuration Libre, excusez du peu.
Nous fûmes, avec Verbes d’État, les derniers à pouvoir exposer dans ce cycle pour une série de cinq expositions sur l’Être et la Lettre, condamnant ironiquement les usurpateurs comme Sabatier en célébrant Izou.
Sa grande humanité, son excentricité, sa culture, son humour, sa liberté de pensée en font un homme qui a servi Nice et sa Culture comme peu d’entre nous ont osé le faire. Tout ceci sans jamais baisser la tête avec une attitude libertaire insolente, courtoise et élégante.
photo : Claude Fournet © Jean-Marc Pharisien