01 Oct Ça bouge à la Villa Arson !
La Villa Arson est comme le Phœnix, renaissant chaque fois des cendres des conflits qui la déchirent. Cet incubateur, ce laboratoire d’idées reprend la main avec l’arrivée d’une nouvelle directrice du Centre d’Art et deux expositions en forme de « punchlines ».
En tout premier lieu, saluons l’arrivée d’une nouvelle Directrice pour le Centre d’Art : Marie-Ann Yemsi que nous présenterons dans un prochain numéro, car l’atterrissage sur nos terres sudistes lui demandera certainement quelque adaptation pour prendre la mesure de la tâche et pouvoir insuffler de nouveaux axes de développement. Une arrivée qui coïncide avec le lancement de deux expositions interrogeant le devenir des étudiants, et celui d’une société qui subit en ce moment une régression et un formatage inquiétant.
Faire face à la réalité…
La première exposition Sweet Days of Discipline réunit les 44 artistes diplômé·es de la Villa Arson en 2023 et pose la question difficile de la destinée de ces « sortants » d’école d’art dans une société qui de plus en plus fuit les sciences humaines, la recherche fondamentale et la création artistique. Posture, à notre sens, à l’origine de la régression politique planétaire qui se déroule sous nos yeux. Ces jeunes sortants sont toujours propulsés dans une réalité bien loin des années de l’expérimentation dont ils ont bénéficié à l’école d’art. C’est en fait le fameux « concept de réalité » de Duchamp qui s’applique à leur vie sociale. Bien entendu dans une société qui ne veut pas admettre qu’il existe des métiers de la culture et qui ne célèbre que l’industrie, le commerce et la communication, il semble difficile d’admettre que ces professions, ainsi que celles de la recherche fondamentale et des sciences humaines sont de prime importance. Preuve de la baisse du niveau général… Aussi la condition des très jeunes artistes doit-elle nous interpeler, car il est question ici d’une part de notre culture future et de l’avenir de notre société.
Ça pique !
Le bronzage, nouveau rituel masochiste de la société des apparences néo-libérale ? L’autre exposition The anointing, qui s’installe à Nice, haut lieu du tourisme, pose des questions cocasses mais pertinentes. Il y est question du « rituel » presque religieux du bronzage : les plages y apparaissent comme un « temple » où le travail pictural et sculptural de Lukas Meir décrypte un « étrange rituel profane« , ou « presque religieux » qui « promet la rédemption des souffrances terrestres« , et qui se manifeste notamment par la joyeuse acceptation d’une blessure : le coup de soleil. L’artiste y voit, un acte de foi, l’autopunition d’une société-martyre, « prête à mourir pour sa croyance en une croissance éternelle« . Dans cette métaphore grotesque et exagérée, la crème solaire joue un rôle fondamental : une tentative de protection et de guérison, une « extrême-onction FPS 50« . S’il est l’une des premières raisons des cancers de la peau, le bronzage est aussi un gage de « vacances réussies » et de « bien-être », et l’un des symboles de cette société des apparences imposée à coups de réseaux sociaux et d’influenceurs. Et les codes sociaux qu’ils prescrivent semblent bien être dictés par une société néo-libérale, formatée, modélisée, et fixée de nos jours à grands coups d’algorithmes.
Jusqu’au 2 fév, Villa Arson, Nice. Rens: villa-arson.fr
photo : Balsam 2024 © Lukas Meir