01 Oct NEO, un nouvel espace brille à Nice
NEO, espace d’un nouveau genre, s’est implanté à Nice. Hybride, ouvert, trans-media, voilà un lieu qui n’aime pas les formats rigides et amène, depuis Munich et sous la direction de Luc Clément (ex-Dojo), un souffle novateur.
À la tête d’une agence de communication, Luc Clément a toujours montré un vif intérêt pour l’art contemporain. C’est en cherchant des locaux pour sa société qu’il est tombé sur le Dojo, un grand espace de 800 m2 sur le port de Nice. Il exploite alors le lieu et lance en parallèle un projet destiné à en faire un terrain d’expérimentations artistiques « pour un projet global qui intègre à la fois l’espace, mais aussi les gens qui vivent dans l’espace« , explique Luc Clément. Auparavant, il a œuvré à proximité du monde de l’art contemporain, en France, mais aussi à l’étranger. Notamment avec la Villa Arson, qui constituait à la fois une partie de son public et un vivier d’artistes. Puis, il est entré dans un « système classique » de soutien par le secteur public, mais a rapidement pris la décision de s’en émanciper pour retrouver une liberté dans les décisions et le mode de fonctionnement. La covid est alors arrivée, avec ses difficultés financières et, « cerise sur le gâteau », un conflit avec le propriétaire des lieux. Entre temps, il accueille Simon et Sebastian Vogel, deux camarades munichois de VogelART, éditeurs de multiples et d’objets d’artistes en petites séries, qui avaient envie de montrer leurs travaux à Nice. Luc accueille un premier projet au Dojo : test réussi, très professionnel, accrochage impeccable. Deux autres se succéderont. Mais le conflit avec le propriétaire des lieux devenait trop contraignant. Souhaitant poursuivre cette collaboration, les trois hommes se sont mis à la recherche d’un nouveau site avec ce même désir : créer un lieu ouvert pour des projets d’art contemporain, de culture, mais en élargissant le champ des interventions, avec notamment une dimension événementielle et créative. Très vite, ils trouvent un ancien atelier de néon, toujours dans le quartier du port de Nice, un secteur qui bouge, et très fréquenté. Mais aussi un quartier populaire avec des « voisins » peu habitués aux professions artistiques, mais qui réagissent avec une grande curiosité et un grand appétit. Pour eux, ce fut un véritable tremplin, une réelle source de motivation.
Son credo : art & culture lab
Le lieu s’appelle NEO (NEO art & culture lab x VogelART pour être précis), comme un clin d’œil aux néons qui occupaient l’espace auparavant, en référence aussi à cette envie d’ouvrir le champ d’exploration, de proposer des choses nouvelles au public, et voir comment il réagit. Depuis son ouverture en juillet dernier, le site a multiplié les projets pour tester les possibilités de propositions de formats. Le lancement s’est essentiellement fait pour les « voisins » du lieu, les habitants du quartier, avec Le tour de cyclistes, exposition d’une collection de vélos de compétition vintage à l’occasion de l’arrivée du Tour de France, avec une scénographie assez drôle, plutôt « galerie ». Ça a très bien fonctionné. Ils ont ensuite accueilli Cristiano Mangovo, un peintre angolais, en résidence à La Station, sur une proposition d’un de ses collectionneurs. Puis ont organisé un concert comme un véritable « crash test » avec une soprano, deux guitaristes, un dimanche soir à 18h, en plein mois d’août. Contre toute attente, ils font le plein. C’est pour ce désormais trio, la preuve que le quartier est à l’affût, et qu’un nouveau public, en partie attiré par les associés allemands munichois, a répondu présent. Par capillarité, ce fonctionnement « hybride » a aussi drainé des gens qui ne fréquentent pas forcément les galeries. Ils enchaînent à la fin de l’été avec l’exposition Le skateboard comme toile, un projet itinérant qui présentait une partie de la plus grande collection de planches d’art d’Europe du Skateboard Museum de Berlin. Un moment assez délirant, avec des œuvres des années 60 jusqu’à des choses très actuelles. Là encore, un nouveau public, jeune et évidemment branché skate, passe la porte de NEO.
La nouvelle exposition, visible jusqu’au 5 octobre, est un solo show d’un jeune artiste autodidacte : Ndayé Kouagou, qui s’est déjà taillé une solide réputation sur la scène artistique contemporaine. Remarqué pour ses vidéos, ses performances, ses poésies visuelles qui renvoient autant à l’art conceptuel qu’à l’univers de la publicité et des réseaux sociaux dont il détourne les codes et les mantras. Il place le texte au cœur de sa pratique protéiforme, à travers des aphorismes souvent sibyllins qui cachent, derrière un sens inné du spectacle, une réflexion en creux sur des thèmes tels que le malaise, le pouvoir et la vulnérabilité. Déjà accueilli en résidence à la Friche La Belle de Mai en 2020, vu dans le cadre du festival Parallèle (2021) ou de la foire Artorama (2022) à Marseille, il est exposé pour la première fois à Nice. Entre temps, ses œuvres et performances ont été présentées dans des institutions internationales telles que la Fondation Louis Vuitton, le Palais de Tokyo, le Centre Pompidou, Lafayette Anticipation, le Wiels (Bruxelles) ou le Mudam (Luxembourg).
Tendre est la nuit, la prochaine grande exposition, a été imaginée par le commissaire Thomas Zitzwitz, et présentera, du 23 octobre au 5 novembre, des œuvres d’une trentaine d’artistes français et internationaux.
Par ailleurs, l’espace est aussi ouvert, à la location, à toute initiative qui respecterait l’éthique du lieu. Une forme d’autofinancement, comme si NEO état un « média live » qui ouvrirait ses colonnes à des projets où l’humain est central. Une vision plus actuelle de ce qu’est – ou devrait être – l’Art au XXIe siècle.
Ndayé Kouagou, jusqu’au 5 oct • Tendre est la nuit, 23 oct au 5 nv, NEO art & culture lab x VogelART, Nice. Rens: neovogelartlab.com
photo : Vue de l’espace NEO © DR