01 Oct Nice Jazz Buzz !
Il est rare que nous fassions des comptes rendus, mais il est bon de noter que le Nice Jazz Fest a fait passer un cap à une manifestation qui se cherchait une âme. Le duo Sébastien Vidal et Graig Monetti est parvenu à renouveler l’événement, sans pour autant faire table rase du passé… Une évolution plus qu’une révolution. Nous les avons rencontrés.
Le Nice Jazz Fest affiche une nouvelle dynamique, car, en l’espace de quelques mois, beaucoup de choses ont changé : le nom, les dates et l’expérience spectateur, l’intention de programmation, le marketing, la communication, l’accueil… Le tout dans des conditions de production assez contraignantes, les JO et le Tour de France laissant les organisateurs dans l’expectative jusqu’à fin février en raison des disponibilités des forces de l’ordre…
L’expérience festivalier
Sébastien Vidal, directeur artistique depuis de nombreuses années, rapporte que, dès le montage du festival, Graig Monetti (adjoint au maire, délégué à l’Événementiel, à la Jeunesse et à l’Égalité des chances) a insisté, à juste titre, sur les détails. Vous connaissez l’adage… Il est vrai que les grands événements finissent souvent par pêcher sur ce que l’on appelle « l’expérience » du festivalier. Avec l’équipe municipale et les coudées franches laissées par le maire, ils ont tout repensé pour le spectateur lambda, tout en restant pointilleux sur la programmation, et fermes sur la direction artistique. Aussi, cette année pour une meilleure appropriation du lieu par les Niçois, ils ont réduit drastiquement la zone VIP/Partenaires pour en faire un espace de restauration assise, y installer une aire de jeu qui a servi tout autant à du stand up avec un Comedy Club qu’à y organiser des bœufs après les concerts. Et l’on a pu assister à des sessions mémorables, sur place, sans avoir à subir les prix prohibitifs des lieux très décentrés qui ont parfois accueilli ces « after » live. Cette année était même prévue une zone pour les enfants, de telle sorte que les parents pouvaient sereinement profiter du festival en sachant que leurs enfants s’y amusaient aussi. Bien entendu, ce réflexe inclusif a ouvert un champ intéressant aux jeunes actifs, souvent jeunes parents. Plus populaire, plus ouvert à d’autres publics, voilà ce que ces « détails » ont apporté dans un premier temps.
La programmation
Concernant la programmation, quelques autres petits détails nous semblent avoir été eux aussi gage de succès. Comme le décalage d’une demi-heure entre le dernier groupe au Théâtre de Verdure et la tête d’affiche de la grande scène, qui a permis à un public beaucoup plus jeune d’y découvrir des headliners du jazz. Bien entendu le son énorme de la scène Masséna reste un problème, mais il est clair, comme l’indique Sébastien Vidal, que dans nombre de grands festivals c’est la même chose. Même à La Nouvelle-Orléans, Mecque du jazz… Et bien qu’ils aient tenté de modérer le son de la grande scène, les groupes en tournée disposent de leur propre ingénieur du son qui ne comprend pas forcément cet état de fait, rendant parfois la communication difficile. Malgré tout, cette combinaison semble la bonne pour rendre plus fluide cet antagonisme sonore. Et sur au moins deux soirées, ce fut carton plein. 2024 fut ainsi la meilleure des 13 dernières éditions avec 40 000 spectateurs ! Nous y avons rencontré un public très différent : plus d’étrangers, en particulier anglo-saxons, plus de jeunes, et ceci même devant la scène jazz du Théâtre de Verdure… Est-ce l’accueil, la programmation, le mois d’août ? Sans doute, un peut tout cela.
La période
Et justement, la période du mois d’août fut une difficulté de plus à franchir : les productions sont quasi toutes en vacances et ne répondent plus une fois les contrats signés. Les organisateurs l’admettent, il a fallu se battre pour trouver les groupes, il n’y a pas eu « d’offre » comme c’est souvent le cas en juillet sur la haute saison des festivals. Il a fallu aller les chercher, et le résultat fut assez surprenant. Petite anecdote ! Mulatu Astatke a été remplacé au pied levé par une trouvaille de Sébastien Vidal qui a mis le feu au Théâtre de Verdure et a continué lors d’un bœuf jusqu’aux aurores : Isaiah Collier & The Chosen Few nous a alors rappelé que Chicago est un creuset incroyable pour la relève du jazz.
Cette année a également vu le record de ventes de « pass » battu. Ce qui fait dire à Graig Monetti que « si 2024 fut l’édition du sursaut, 2025 sera celle de la révolution« . Souhaitons-lui bon vent, car après la mise en route du Stockfish, salle qui programme les musiques actuelles avec un succès certain, une refonte de Carnaval, le Nice Jazz Fest, etc., il semblerait bien parti pour donner un souffle nouveau à d’autres sites et événements culturels emblématiques de la ville de Nice, comme le Nikaïa, le Théâtre de Verdure, le village de Noël…
photo : Nice Jazz Fest 2024 © David Nouy / Ville de Nice