Jacky Ananou roule sa bille

Jacky Ananou roule sa bille

Quand le dessin et la musique deviennent une manière de vivre ! Jacky Ananou, animateur d’une émission radio sur le jazz, revient aux Arts plastiques, après 40 ans de globe trotting. Grâce à sa madeleine de Proust, le stylo bille, il crée des images étonnamment réelles, fruit d’un travail « zen » très particulier. Des œuvres qu’il expose actuellement à NICETOILE, puis en décembre, à la Galerie Yves Dufresne de Draguignan. Nous l’avons rencontré.

Dans une autre vie, Jacky Ananou fut DJ dans les clubs, mais dessinait déjà beaucoup. Les « obligations familiales » le contraindront à « monter des affaires » et à parcourir la Planète : Hong Kong, New York, Montréal… Il finira par tout perdre. Cependant, « grâce à ça« , et il précise bien, « pas à cause de ça« , il est revenu à sa passion originelle, le dessin et la peinture. Aujourd’hui, il réalise donc son rêve, même s’il lui aura fallu attendre 40 ans : être artiste et animateur de radio, une activité qui lui permet de côtoyer des musiciens et des plasticiens.

La radio

S’il présente aujourd’hui une émission de jazz, Jacky Ananou était plutôt rock’n’roll au départ. Il a assisté à de mythiques festivals comme Woodstock, ou celui de l’île de Wight… Mais aujourd’hui c’est le jazz qui le touche. Peut-être est-ce l’âge… Mais aussi parce que le jazz est à l’origine de la musique d’aujourd’hui, et du rock, bien sûr. 

Son émission d’une heure, Jazz en Fête, est à l’antenne de Radio Chalom Nitsan depuis 7 ans, tous les lundi soir à 19h, puis le mardi à 11h et 21h. Très podcastée, elle développe un caractère intimisme que Jacky sait entretenir, en partageant l’histoire du jazz, tout au long de l’année. Une fois par mois, il dévoile les nouveautés et, quand il en a l’occasion, reçoit des jazzmen qui viennent présenter leurs nouveaux opus. Des locaux aux internationaux, il reçoit même des « rockers qui viennent du jazz« , comme il le dit en souriant. Aujourd’hui, pour lui, si le rock est une musique de révolte, le jazz est une musique de liberté, une des seules où l’improvisation est la base. 

Les arts

Ayant exercé le métier de designer pour de grandes firmes, ses activités lui ont permis de voyager un peu partout et d’exposer son travail. Vers la fin de cette période bouillonnante, il conservera un magasin, sur le Cours Saleya à Nice, où il présente ses œuvres. Un commerce qu’il finira par transformer en Galerie. Toutefois, la maladie mettra un point final à sa carrière de commerçant, mais pas à sa passion. Car malgré cette affection, Jacky n’a jamais laissé tomber crayon et papier.

Un jour, alors qu’il pensait tourner en rond dans sa peinture, nous dit-il, « j’ai découvert le stylo à bille et je suis tombé dedans« . Depuis 5 ans, il n’arrête plus, au rythme de 4h par jour. Il a mis plus de 8 mois pour maîtriser cette technique qui semble assez complexe. « Le stylo bille a une importance capitale. Quand j’étais jeune, on m’a enlevé la plume pour me donner un stylo Bic bleu, parce qu’il n’y avait que ça. Aujourd’hui, ce n’est pas une madeleine de Proust, mais c’est presque ça. Quand je me remets à mon bureau pour dessiner avec mon stylo Bic, je vois toute ma jeunesse… » 

Dessiner lui demande un contrôle et une concentration qui lui permettent de vivre dans sa bulle avec un casque sur la tête et de la musique dans les oreilles. Et, paradoxalement, il n’écoute ni jazz, ni rock, mais plutôt de la musique classique, pour préserver le « zen » nécessaire à la maîtrise du stylo, explique-t-il. Quand il en parle, on pense un peu au morceau Du Zen dans l’art de la tartine de Vladimir Cosma, dans le film Diva… Un zen souriant, une concentration paisible, en prenant son temps… Parce qu’un dessin lui demande énormément de temps. Il commence au crayon, et là commence la vision de ce qu’il veut faire. Comme le dit l’adage : « Hâtez-vous lentement ; et, sans perdre courage, vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage… » – souvent bien plus de fois d’ailleurs ! Jacky Ananou garde toujours à l’esprit qu’il faut « la douceur, la délicatesse, la patience et surtout réfléchir avant de mettre un coup de crayon« . Il y pense tout le temps… et garde toujours en lui cet émerveillement quand, enfin, il finit un dessin.

Travaillant à partir de photos, il donne ainsi raison à Dominique Païni, essayiste, critique de cinéma et commissaire d’exposition français, qui avait dit au sujet de l’exposition Matisse et le Cinéma, présentée au Musée Matisse de Nice, qu’au 20e siècle la majorité des peintres n’avaient pas planté leurs chevalets dans la nature, mais plutôt devant un écran…  

Après 4 mois d’exposition à la Private Galerie à Monaco, Jacky présente actuellement quelques-uns de ses dessins au premier étage du centre commercial NICETEOILE – une initiative de Nathalie Daviet (Antares) à saluer ! – et en présentera d’autres à la Galerie Dufresne, du côté de Draguignan. Un lieu que Jacky Ananou apprécie particulièrement, car Yves Dufresne, son directeur, produit des livres pour les artistes et les met vraiment en valeur.

Jusqu’au 3 jan, centre commercial NICETOILE, Nice • 8 déc au 7 jan, Galerie Yves Dufresne, Draguignan. Rens: FB Jacky.Ananou.Peintre