Jacques Alessandra, la méditerranée au cœur

Jacques Alessandra, la méditerranée au cœur

L’univers du polar est un genre littéraire qui compte dans ses rangs des talents inattendus. Patrick Raynal, qui a ressuscité la Série noire, et d’autres comme Didier Daeninckx, Jean-Christophe Grangé, Fred Vargas, ou encore Hervé Le Tellier et Pierre Lemaître, tous deux lauréats du Prix Goncourt. Ils ont redonné un souffle nouveau à un genre souvent devenu une porte d’accès pour disséquer le versant obscur de nos sociétés modernes. Dans notre région, nous pouvons aussi compter sur de nombreux auteurs de qualité, comme Michèle Pedinielli ou Jacques Alessandra, qui vient de sortir le 4e volet de sa tétralogie niçoise.

Publié aux éditions Baie des Anges, Jacques Alessandra est docteur en lettres. Romancier, essayiste, critique littéraire, il a beaucoup œuvré à faire connaître les poètes et dramaturges du Maghreb. Ses essais sur Abdellatif Laâbi et Kateb Yacine sont essentiels pour connaître une littérature trop souvent négligée. 

Comme La Brûlure des interrogations d’Abdellatif Laâbi, où le lecteur découvre l’arrière-pays mental, philosophique et politique du poète. Sous forme d’entretiens réalisés par Jacques Alessandra, cet ouvrage met à jour, et à nu, l’itinéraire tourmenté d’une expérience hu¬maine. Il dévoile les principes fondamentaux d’une aventure créatrice hors du commun et interroge sans relâche la vie littéraire et culturelle du Maroc d’aujourd’hui. Vive et corrosive, la réflexion d’Abdellatif Laâbi couvre également les sujets essentiels du monde arabo-musulman : la Palestine, l’Islam et la condition féminine. Quant à Kateb Yacine, poète et dramaturge algérien, Jacques Alessandra en a fait le sujet sa thèse. Fondateur de la littérature maghrébine, compagnon d’Albert Camus dans l’aventure du journal Alger Républicain, décédé en 1969, celui-ci écrivait en berbère et en arabe dialectal afin d’amener le théâtre dans les petits villages… 

Après une carrière d’enseignant et de formateur en Algérie, au Maroc et en France, Jacques Alessandra, issu d’une famille de constructeurs, dont les racines siciliennes marcottent toujours quelque part entre Avola et Monterosso Almo au Sud de Catane, s’est installé dans la région au milieu des années 60. Il a récemment intégré la Collection noire des éditions Baie des Anges, dans laquelle il a publié Béton fatal en 2019, Sacré méli-mélo en 2021, Parole d’honneur en 2022 et enfin Panique sur la 202, 4e volet de sa tétralogie niçoise. Il nous entraîne ici dans le monde plus vrai que nature des géants de l’immobilier et de la bétonisation qui, de la 202 à la Riviera italienne, investissent sans compter, sur fond de jalousie familiale, de cynisme politique et de mafia sicilienne. Avec ses romans, l’auteur conserve son esprit caustique et continue de lutter contre toutes les oppressions, qui, tout compte fait, finissent par se ressembler d’un côté de la Méditerranée, comme de l’autre.

Bibliographie de Jacques Alessandra : Éditions Baie des Anges – Collection Noire : Béton fatal / Sacré méli-mélo / Parole d’honneur / Panique sur la 202 • Virgule Editions : Mohamed Loakira, entre le souffle et le brasier • Editions de la Différence – collection Les Essais : Abdellatif Laâbi, traversée de l’œuvre • Editions L’Harmattan – Collection Lettres du Monde Arabe : Café Yacine / Jebel Mout ou le testament des pierres / La brûlure des interrogations (avec Abdellatif Laâbi)