Mo Rezkallah : nouvelle littérature urbaine

Mo Rezkallah : nouvelle littérature urbaine

Les Arts Urbains ne sont plus considérés comme une sous-culture, ils sont parvenus à obtenir leur place sur l’échiquier culturel que ce soit dans le domaine de la danse, de la musique, des arts plastiques, de la poésie, ou encore du cinéma. La littérature restait un peu à la traine…

Le récent prix Renaudot de Gaël Faye (1), les prix attribués à Abd Al Malik (2), ou encore la reconnaissance des poètes Oxmo Puccino (3) et Kery James (4) sont des signes de l’émergence d’auteurs qui enfin posent les vraies questions historiques et ouvrent la porte à une réconciliation entre toutes les composantes de la population française.

Il aura donc fallu une reconnaissance publique du travail de rappeurs dans le domaine littéraire pour qu’enfin les banlieues et leurs très nombreux auteurs, souvent d’origine étrangère ou simplement issus des quartiers, soient salués. Bien entendu les esprits chagrins crient à la récupération de la révolte, mais ont-ils songé que ces auteurs sont des leviers essentiels pour que la jeunesse, qui vit dans ces zones que la République a oubliées, puisse revenir vers les mots et la littérature afin d’exprimer leur révolte, la faire reconnaître et enfin ouvrir le débat. N’est-ce pas un moyen efficace de redonner cette envie d’apprendre nécessaire pour l’amélioration des conditions de vie de ces populations si souvent maltraitées ?

Mo Rezkallah (5), dont nous avons déjà parlé et que nous avons présenté sur notre stand au dernier Festival de Mouans-Sartoux, fait partie de ceux-là. Dans notre région, où beaucoup pensent que l’étranger est un danger, l’émergence d’une littérature indépendante et d’un auteur issu de la « diversité » (terme pompeux et politiquement correct) était inespérée. Sa verve « bukowskienne », son sens de la dystopie, son côté sombre sont assez uniques. Il vient de sortir un recueil de nouvelles qu’il avait simplement publiées sur Facebook : Cœur Apatride. Cet ouvrage explore les âmes perdues, déchirées par la quête d’une identité, d’un lieu, d’un amour. À travers une série de nouvelles poignantes, Mo Rezkallah peint les portraits de ceux qui, dans leur solitude ou leur fuite, cherchent désespérément à s’ancrer quelque part, tout en étant incapables de le faire. Son mode d’expression, souvent cru, a pourtant ce charme fou de la poésie du quotidien, celui des quartiers où la vie est âpre mais l’humain omniprésent, où l’amour est vache mais le cœur est tendre… 

Ses opus précédents ne sont certes pas aussi reconnus que les œuvres de ses prestigieux comparses de la littérature urbaine susmentionnés. Mais, émancipé par leur succès, Mo Rezkallah a développé un style sans doute moins policé, et qui nous ouvre la porte des cauchemars urbains, un style qui a pourtant ce charme fou de la poésie du quotidien, celui des quartiers où la vie est âpre mais l’humain omniprésent, où l’amour est vache mais le cœur est tendre… Car oui, il existe bien une nouvelle poésie issue des quartiers, qui se conjugue avec une passion et une force. Loin d’être un danger pour notre culture, elle lui redonne la fierté des « sans-culotte » de 1789. La révolution est en marche !