
28 Jan Le Sud en paix
Il n’y a pas d’âge pour atteindre la maturité artistique. Elle arrive au croisement des idées et désirs, quand la route empruntée est celle de la paix intérieure. C’est le cas de Maurice Maubert qui prépare une exposition étonnante à la Galerie Parville, à Nice : Testas.
Avec sa précédente exposition au Palais Lascaris (voir article Notre mer à tous, La Strada n°369), qui nous avait permis de partager son amour pour cette mer Méditerranée et pour les voyageurs qui la sillonnent, Maurice Maubert avait insisté sur le fait que ces voyageurs n’étaient « pas tous des touristes« , que ceux qui traversent la Mare Nostrum sont aussi des gens qui veulent changer de vie et ne le font pas par simple agrément… Grand défenseur de la culture niçoise, Maubert est avant tout un amoureux des Sud et de ses cultures. C’est peut-être aussi pour cela que certaines de ses installations faites de petits personnages en terre peuvent être perçues sous deux angles distincts et pourtant très proches : des « crèches » laïques et des saynètes africaines…
Sa nouvelle exposition confirme cet appel du Sud et de l’Afrique, développe l’artiste : « À l’origine de cette exposition, il y a une série de masques réalisés en petits formats directement à la gouache sur papier, sans dessins préalables. La suite est, à ce jour, une série de têtes, Testas, peintes en plus grand format à l’acrylique et pigments qui m’ont entrainé peu à peu vers une forme d’abstraction et une plus grande liberté gestuelle. Je me laisse guider de façon intuitive par le trait et la couleur. Même si elles sont alimentées par une intention intérieure, ne cherchez pas d’explications rationnelles ou narratives particulières dans ces œuvres qui ne sont que la manifestation du désir et du plaisir de peindre. » En fait, ces Testas (têtes en niçois) se déstructurent progressivement, ne conservant qu’un œil comme seul repère, qui nous évoque un visage ou un masque. Puis, peu à peu, ne reste que la peinture et la couleur, comme une transition vers une abstraction lyrique teintée d’Afrique, avec un titre en niçois et un fort parfum de Sud.
Pour Maubert, le bon slogan républicain devrait être écrit dans cet ordre précis : Fraternité, Égalité, Liberté, car la liberté de chacun doit se limiter à celle des autres. Et les autres, ne vaut-il pas mieux les aimer ? Cette exposition suit ce droit fil, comme un hommage aux frères du Sud, et constitue une autre manière de concevoir la liberté, bien éloignée de cette nouvelle notion « libertarienne » qui nie la fraternité et l’égalité devant la loi, au bénéfice d’une liberté barbare. Maubert est parvenu à la maturité, son œuvre est en train d’éclater, et l’éthique de toute sa vie nous montre la lumière, celle des Sud, qu’il souhaite voir éclairer l’Humanité.
20 fév au 14 mars (Vernissage, 20 fév, de 16 h jusqu’au bout de la nuit), Galerie Parville, Nice. Rens : maurice-maubert.com
photo : © Maurice Maubert