15 Déc Marche ou rêve !
L’Espace A VENDRE a une nouvelle fois su se réinventer et utiliser les restrictions sanitaires pour proposer une exposition pleine d’humour et d’insolence avec Bons Baisers de Nice. Par la même occasion, la galerie niçoise en profite pour prolonger l’hommage à Eric Duyckaerts, artiste libertaire dont l’humour et la culture de l’absurde nous manquent tant en cette période où le sens disparaît dans le discours officiel.
Avec Bons Baisers de Nice, l’Espace A VENDRE présente jusqu’au 23 janvier une exposition à tendance mail-art, comprenez que toutes les œuvres exposées sont parvenues par courrier, sous toutes ses formes (cartes postales, colis, mails…). Présentées à hauteur de regard, elles représentent un long inventaire de cette année étrange où la Culture, et l’Art en particulier, ont été bâillonnés pour des raisons de « sécurité ». Cette exposition est un symbole qui démontre à quel point les métiers de la Culture peuvent toujours s’adapter afin de préserver ce lien social essentiel. Pleine d’humour et d’insolence, à l’image de son titre à la 007, cette proposition est un îlot de fraîcheur et de liberté en cette fin d’une des années les plus éprouvantes, un véritable rayon de soleil, car personne ne pourra jamais nous empêcher de créer et de partager. C’est aussi une manière d’organiser une exposition à prix accessibles, afin que tout amateur d’art puisse (s’)offrir des œuvres de plus 80 artistes pour ces fêtes qui marqueront malgré tout cette « année covid » du sceau libertaire !
Une empreinte que n’aurait pas renié Eric Duyckaerts, décédé il y a un an. Équilibriste du discours, orateur farfelu, utilisant la technique de la Comedia dell’Arte, l’artiste liégeois, génie filiforme au phrasé et au cœur délicats, avait élaboré depuis le milieu des années 80 un travail insolite mêlant avec facétie les arts plastiques et la vulgarisation des savoirs. « Lors de ses conférences performées, dans ses vidéos, ses installations et ses sérigraphies, par sa gestuelle, ses déplacements burlesques et une voix professorale (…), le sérieux s’indifférenciait de l’absurde. Cette dualité est le fil de cette exposition quand l’artiste parle dans ses vidéos… », a écrit notre journaliste Michel Gathier. Il est clair qu’avec les polémiques, les atermoiements et les interdictions dignes du Père Ubu lors de cette pandémie, on ne peut s’empêcher de comparer les discours en « haut lieu » avec les parodies de Duyckaerts. Sa lucidité quant au creux de ces derniers est la preuve de sa pertinence.
8 déc au 23 jan, Espace A VENDRE, Nice. Rens: espace-avendre.com