Devenir grand

Devenir grand

Le tigre, le canard, l’éléphant… Bienvenue dans la section jeunesse de la scène conventionnée d’intérêt national, Le Pôle – Arts en circulation ! Pour ce public jeune, auquel s’adressent les créations du jour, l’établissement varois dessine trois portraits chinois à coup de pinceaux délicats, autour d’une thématique essentielle : grandir. Devenir autre, et s’extirper de la chrysalide. Suivez-nous au Revest-les-Eaux…

Tigrane est un adolescent à la dérive, aux idées plus que noires, dans cette pièce de Jalie Barcilon. Comme toutes celles et ceux passés par cette étape de la métamorphose, il expérimente la difficulté d’être et de se débarrasser de la gangue qui l’alourdit. L’impossibilité de dire adieu à la grâce de l’enfance, d’en retrouver, de la grâce, en soi et dans cette galaxie sans bornes que l’on nomme le monde. « Qu’est-ce que tu veux que je raconte, je suis lent et j’imprime pas« , lance-t-il de rage, à sa professeure (Sandrine Nicolas) qui le soutient vent debout. Mais porté par la bienveillance de cette dernière et par un père aimant (Eric Leconte), Tigrane (Soulaymane Rkiba) trouvera le salut dans l’art (dès 13 ans).

Voilà, la chenille devient papillon, mais qu’en est-il du Vilain !… petit canard ? Vous connaissez l’histoire d’Andersen ; vous savez qu’il ne demande qu’à se transformer en cygne. Zoé (Nelly Pulicani) tombe « de l’autre côté du miroir », comme l’aurait fait l’Alice de Lewis Caroll. Heureusement, dans un maelström de papier froissé, des dessinateurs-démiurges vont tracer à l’encre les contours de son échappatoire, et de sa transmutation heureuse, dans un parcours sensoriel, imaginé par Alexis Armengol (dès 9 ans).

Enfin pour prendre son envol, et voler haut, il faut des ailes, certes, mais il faut aussi faire l’expérience des abîmes. C’est ainsi qu’on devient adulte, également. Comment expliquer la mort, ce tabou, à des enfants ? Sans jamais dire le mot (autant jouer jusqu’au bout avec cette interdiction convenue), sans jamais être sinistre, sans être abêtissant, accroissant par-là l’incompréhension des jeunes humains face au grand mystère. Eh bien, nous pouvons suivre Miguel Fragata (jeu et mise en scène) dans une charmante fable d’Inês Barahona qui prend source en Afrique : La marche de l’éléphant. Ici, lorsqu’un certain homme meurt, les éléphants décident de lui prodiguer tous les rites qu’ils se réservent habituellement entre pachydermes. C’est que celui-là était des leurs. Voilà comment à travers l’amour et la dévotion – et des figurines très ludiques – on parvient à faire accepter l’inacceptable, tout en douceur (dès 7 ans)…

Tigrane : 1er avr 19h30
Vilain! : 8 avr 19h30
La marche des éléphants : 26 avr 19h30
Le Pôle, Le Revest-les-Eaux. Rens: le-pole.fr

photo : Trigrane © Pauline Le Goff