Échec et mat

Échec et mat

À la lecture du titre, La petite dans la forêt profonde, nous n’avons qu’une envie : nous pelotonner dans la pénombre pour frissonner à l’écoute de l’histoire que l’on va nous conter. À savoir la revisite d’un mythe grec féroce sous forme de théâtre d’objets. Plongez donc dans l’atmosphère noire et farceuse de cette mise en abyme ludique autour du thème universel de la destinée… À voir au TNN et au Théâtre Liberté !

C’est une stratégie extrême que les joueurs d’échecs connaissent bien : le sacrifice. On condamne une pièce pour mieux écraser l’ennemi. Procné et Philomèle, les deux sœurs, dont la première est reine, fomentent un coup mortel contre le roi en forme de sacrifice. Celui-ci l’a bien cherché : il enlevé, violé et mutilé Philomène, sa belle-sœur, avant de la faire passer pour morte. Voici donc les deux femmes qui tuent, font cuire et servir au goujat, son fils Itys. Lorsqu’à table, ripaillant, il demande où est son rejeton, elles répondent : « Il est avec toi« …

Le mythe sanglant est bien connu, ici raconté par Ovide dans ses Métamorphoses. Il sera repris et décliné, comme un récit noir et sanglant qui fait frémir autant qu’il excite les imaginaires. Philippe Minyanala présente l’histoire à la manière d’un véritable conte fantastique, avec le décorum dédié au genre, mêlé d’une partie d’échecs. La scène, miniature, n’est pas plus grande qu’un échiquier, sur lequel on voit des mains divines déplacer les personnages au gré de leur volonté. « Les dieux rient« , paraît-il, des turpitudes mortelles et ne s’attachent qu’à bien avancer leurs pions, pour leur bon plaisir. Cependant ils peuvent aussi distribuer punitions et rédemptions, secondes vies ou, bien entendu, métamorphoses, selon leur humeur. L’histoire ne finira peut-être pas mal pour tout le monde, même si aux échecs, nous savons bien qu’il n’est juste question que de faire tomber le roi !

4 au 7 mai 2022, Théâtre Les Franciscains. Rens: tnn.fr
19 au 21 mai 2022 20h, Théâtre Liberté, Toulon. Rens: chateauvallon-liberte.fr

photo : La petite dans la fôret profonde © Domniki Mitropoulou