26 Juil Sous le soleil exactement
Ceux qui ne sont pas du Midi ne peuvent point comprendre qu’ici le soleil est religion. La lumière implacable du Sud qui irradie tout, des yeux jusqu’au moindre grain de sable, ou le plus infime brin herbe, nous façonne l’esprit comme elle façonne la matière…
Tartarin le disait bien, ce soleil tord le réel. Il nous fait aussi plus lents. Plus tranquilles. Parce que dans ces moments où l’on « réfléchit », autour d’une partie de cartes, le long d’une balade parfumée, ou en tapant le cochonnet, durant ces temps suspendus où mille anges passent (des Parisiens, ceux-là, sans doute), nous, nous sommes en train de communier avec le grand Tout. Venez donc faire le plein de « provençalitude » aux Nuits du château de Montfort, estivales en diable, même sous le ciel étoilé…
Ne surtout pas déranger ! Ne faites surtout pas l’impair d’interrompre un bouliste qui tire ou qui pointe. D’autant plus s’il refait la guerre d’Algérie, la savate pourtant toute pacifique, alangui sous un banc. Zé, le pied-noir, Yaya, le franco-algérien, Loule, le Provençal « de souche », et Monsieur Blanc, le Parisien, bref, Les Pieds Tanqués, pourraient supplanter dans vos mémoires Marius et consort. Dans cette partie de pétanque au verbe haut, imaginée par Philippe Chuyen, les répliques font carreau, et les boules font mouche. Ou le contraire.
Jean Carrière quant à lui, s’il enfourchait son vélo de bon matin pour se perdre dans la garrigue, ce n’était pas (que) pour le plaisir des sens. Mais bien pour « perdre connaissance » comme disait Rilke. C’est que depuis que le Prix littéraire suprême a cueilli l’homme par surprise en 1972, au détour de son roman L’épervier de Maheux, tout son monde s’en est retrouvé sens dessus dessous. Péripéties, angoisse de la page blanche, dépression, certes, il connait Le prix d’un Goncourt ! Suivons cet enfant du même pays que Giono, dont il était spécialiste, de baou en vallée, de rocher en mont. Après quoi court-il, lui, le surdoué ? Après l’innocence égarée, le paradis perdu. La Cie Artscénicum Théâtre lui rendra peut-être le Nord, dans ce Sud infini…
Entre temps, nous aurons pu faire la connaissance de Dom Juan… et les clowns, dans une farce tragique, savoureuse et incroyablement actuelle, imaginée par la Cie Miranda !
16 au 20 aou, jardins de la mairie, Montfort-sur-Argens. Rens: artscenicum.fr
photo : Les Pieds Tanqués © Sébastien Normand