C’est la rentrée pas classe !

C’est la rentrée pas classe !

C’est la rentrée… Une phrase qui auparavant sentait bon les fournitures et les livres scolaires neufs… L’impatience de revoir les copains de classe… Mais cette année, c’est un peu râpé.

Les gosses ont tous vu ou entendu que le changement climatique était en marche (sécheresses, inondations, incendies…). Sans parler de la guerre en Ukraine, de la variole du singe, de l’inflation, etc. Et sur l’air connu de « Mais il ne faut pas tout voir en noir, voyons, il faut raison garder« , le discours abrutissant déroule : « Il manque des profs ? Qu’à cela ne tienne, on va prendre des contractuels, on les forme en 4 jours et après on verra sur le tas peut-être… Et pour les bambins dans les crèches, comme il n’y a pas de programme, on emploiera des gens sans diplôme. Ce n’est pas les gosses qui s’en plaindront. Et puis tiens, ça fera de l’emploi. Après tout, les parents et les enfants devraient être contents qu’il n’y ait plus d’obligation de port du masque. Il ne faut pas trop en demander ! » (ironie) Non, mais vous êtes sérieux là ? La jeunesse est notre futur, et c’est comme ça que l’on traite l’avenir du pays ?

Les paradoxes et les injustices envahissent nos vies et nos écrans : les USA n’ont jamais fait autant de bénéfices que depuis que la Russie a fermé le robinet du gaz. Cette même Russie bloque l’alimentation des pays pauvres, et ça, tout le monde s’en fout. On augmente le budget de la défense : la phrase est belle, mais elle veut simplement dire que l’on augmente le budget de l’armement. Mais quid des abris ? Quid des hôpitaux qui saturent et ferment leurs services d’urgences ? Quid des pompiers en sous-effectif ? A quoi servirait une victoire militaire si le peuple passe à la trappe, sans soin, sans assistance sous les bombes ? C’est pareil pour l’électricité. Le tout nucléaire, pourquoi pas, mais que faire des accidents terrifiants qui ne s’arrêtent plus à Tchernobyl et Fukushima, des guerres ou attentats potentiels qui peuvent transformer une centrale en bombe… Mais surtout, que faire avec le problème de leur refroidissement qui est essentiel. En effet, tout l’été les centrales ont dû tourner au ralenti, car l’eau pour les refroidir était trop chaude. Et on a le courage, après ça, de dire que le nucléaire est une solution. À propos de l’énergie, nous vivons dans une région qui a la « chance » d’avoir plus de 300 jours de soleil, mais le photovoltaïque c’est trop compliqué, nous dit-on. En attendant, achetons tous des voitures électriques, on trouvera le courant après (?)…

Alors qu’est-ce qu’on nous demande ? Toujours un cran en moins à la ceinture pour ceux qui n’ont rien. Mais il ne viendrait à l’idée d’aucun de nos dirigeants de supprimer les buildings flottants qui polluent le monde pour des croisières « non essentielles ». Idem pour les porte-conteneurs géants … Alors, on vous répondra : « Et comment ferez-vous pour faire venir le matériel de Chine ? » Et bien, il n’y a qu’à le fabriquer chez nous, en Europe…

Il est vrai que ce sera difficile avec toutes les firmes qui, au lieu d’investir en France, vont s’associer à des Chinois ou des Indiens et dépouillent notre Pays de ses industries. Paradoxalement, certains osent dire que les étrangers sont un danger pour la France, alors qu’ils viennent faire tous les boulots dont nous ne voulons pas (rappelez-vous lors du confinement). Comble de tout, les pays les plus développés ont décidé de taxer les « profiteurs de guerre », mais pas le gouvernent français. De toute façon, les profiteurs profitaient déjà pas mal dans le monde d’avant : fraude fiscale, paradis fiscaux, optimisation… La fraude semble être tolérée pour les riches, mais pas pour les pauvres et les classes moyennes, entrepreneurs compris. Les économies sont toujours faites sur le dos de ceux qui travaillent, les traders et les cadres sup de grandes sociétés sont là pour optimiser. Mais optimiser quoi d’autre que le bénef de leurs patrons ?!

Nous avons une éducation bradée et une des plus mauvaise des pays de l’OCDE, notre santé publique bat de l’aile, notre recherche n’est orientée que vers les start-ups – la technique au service du marché –, alors que l’on étouffe de plus en plus les sciences sociales. Par exemple, lors de la crise du covid, c’est un élève ingénieur de 25 ans, Guillaume Rozier, qui a créé bénévolement le site CovidTraker, seul puis aidé par d’autres bénévoles ; alors que les pseudos génies des fameuses start-ups soutenues par « Jupiter » étaient aux abonnés absents. Que faisait-on en haut lieu ? N’a-t-on pas été capable de récupérer des chiffres et de les mettre dans un tableau ?

C’est pour toutes ces raisons et bien d’autres que la rentrée est un terme qui commence à résonner comme ratée, il n’y a pas que la température du thermomètre qui monte, celle de La Rue est dans le rouge aussi. La canicule sociale commence à peser, la lutte contre la misère et le mal-logement n’est toujours pas à l’ordre du jour. Plus de 14% de Français vivent sous le seuil de pauvreté et cela fait bien longtemps que l’abondance est finie pour eux. Attention, c’est la ratée … Oups, je voulais dire la rentrée !