Poison d’avril !

Poison d’avril !

49.3 est devenu le symbole de la négation de la souveraineté du peuple au sens de 1789. 49°3 pourrait aussi être une température atteinte dans les prochaines années avec les changements climatiques… La chaleur bat des records et l’eau manque déjà au Printemps. Le printemps sera chaud, un slogan qui prend un double sens !

Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, affirme que le rapport publié lundi 20 mars 2023 par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) est une « alerte rouge pour l’humanité » (1). « Nous drainons l’humanité de sa substance vitale par la surconsommation vampirique et l’utilisation non durable que nous faisons de l’eau, et nous provoquons son évaporation en réchauffant la planète« , a-t-il déclaré, s’inquiétant de l’avenir compromis de l’eau. Pourtant « la sève de l’humanité » est « un droit humain« , a-t-il réaffirmé lors du lancement de l’alerte rouge pour la Planète. Mr Guterres n’est pas un illuminé, il place cette alerte bien au-dessus de celle des guerres de mâles en mal de suprématie.

Pourtant les roitelets qui pensent à notre place et nous contraignent à des réformes dont personne ne veut, qui n’osent même plus faire appel à la représentation nationale, n’ont pas jugé bon de préparer un plan pour cette ressource essentielle. Mais alors, y avait-il urgence pour parler des retraites alors qu’un effondrement n’est plus si improbable ? Les problèmes de l’énergie propre et de l’eau ne sont-il pas impérieux ? La France est en retard pour la récupération des eaux usées autant que pour les énergies renouvelables. « Le doigt montre la lune, l’idiot regarde le doigt » est une formule qui convient très bien à certains politiques. Notre Président déclare que l’on utilise trop la loi. Utiliserait-on trop le vote ? Y aurait-il trop de démocratie ? À le voir s’enfermer dans une tour d’ivoire comme il le fait, on peut s’inquiéter. Avec humour face aux élucubrations de nombre de décideurs qui font des déclarations lunaires, un ami artiste me disait : « Nous ne voulons pas plus de subventions. Nous voulons le produit qu’ils prennent : ça a l’air très fort et très euphorisant. » En effet, pour ne pas voir le danger immédiat des changements climatiques et la progression exponentielle de la misère qui en découle, il faut avoir ingéré un puissant psychotrope !

Nos dirigeants actuels sont loin de prendre la situation à bras le corps : penser à certaines énergies renouvelables serait un moyen assez simple de réindustrialiser la France tout en luttant contre la crise climatique et énergétique. Travailler à verdir nos énergies pourraient enrichir la Planète bien plus que les activités industrielles actuelles qui produisent nombre de choses inutiles et polluantes.

Certaines régions comme la nôtre sont assez ensoleillées toute l’année pour produire eau chaude et électricité. Mais attention, pas en détruisant des parcs naturels (suivez mon regard), juste en équipant toutes les bâtisses : la tour Elithis de Strasbourg bien loin des régions ensoleillées en est un exemple probant dans la durée (2). Dans les régions où le soleil est moindre, bizarrement il y a trop de vent… Voilà où installer des éoliennes peut-être. Le nucléaire n’est pas une vraie réponse car la moitié du parc doit être réparé si l’on ne veut pas que la France entière se transforme en Tchernobyl ou en Fukushima, dont on n’arrive même pas à arrêter les « incendies » nucléaires. Ces dernières années, la récurrence des vagues de chaleur a déjà contraint les centrales nucléaires françaises à adapter leur production en raison de la température trop élevée de leurs rejets d’eau de refroidissement. Sans compter le manque d’eau car les centrales nucléaires consomment environ 1/3 de l’eau du pays (chiffres publiés le 24/03/2022 par le Ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires). Dernière hypocrisie : l’indépendance énergétique par le nucléaire. Depuis quand y a-t-il de l’uranium en France ?

Montée des eaux des océans et sécheresse sur terre. Qu’attend-on pour la dessaler et améliorer les techniques pour cela ? S’il y a trop de saumure qui en découle, comme il se dit, rappelons-nous que tellement de pays on fait des guerres pour un peu de sel… En fait, actuellement, il n’y a aucune anticipation de l’exécutif, juste des remèdes qui permettent de cocher les cases pour jouer à pas vu pas pris. Les chefs d’État se comportent comme des cancres.

Dans notre pays, autant d’inorganisation, de manque de concertation, de violence verticalisée, de cynisme et de mépris font peur. Il faut que les dirigeants reprennent leurs esprits. Quand on parle de formation pour les séniors afin de les faire travailler plus tard, on pourrait penser que 64 ans est la date de péremption d’un être humain. Voilà qu’un jeune clown au nez bien poudré, qui se prend pour un Prince, nous explique avec un cynisme incroyable, que l’on va « reconditionner » les séniors comme les voitures ou les téléphones ! Oups, “former“ les séniors, a-t-il dit précisément (lol)… Histoire de les exploiter jusqu’à la date de péremption peut-être ? Quant à ceux qui la dépasseront, que pourrait-on « en faire » ? Tiens, on pourrait en faire des biscuits, du Soleil vert comme dans le film éponyme. Ils pourraient eux-mêmes le décider grâce à l’euthanasie… Quelle farce macabre.

La violence de ce monde géré par des oligarques qui pillent le bien public (minerais, eau, et bientôt l’air…) est effrayante. En revanche, si l’on est contre, on est qualifié d’extrémiste, on est comparé alors aux suprématistes, climato-sceptiques qui ont soutenu Trump le dingo ou Bolsonaro le facho illuminé… Ce sont les insultes envers ceux qui revendiquent le droit de ne pas mourir au travail qui choquent. Pour quelques centaines de casseurs, on jette l’anathème sur ceux qui ont fait légalement ce qu’ils pouvaient pour tirer la sonnette d’alarme. On s’affole bien moins quand un pays comme le Qatar corrompt des élus à coup d’invitations dans une loge de stade… Par contre, on empêche des pauvres gens de venir de loin, au péril de leur vie, simplement pour travailler, manger, boire et survivre. Les animaux ont le droit de migrer et on les protège. Les capitaux circulent librement. Mais on stigmatise les pauvres et les victimes qui fuient les guerres et fuiront de plus en plus, à cause du changement climatique, de la famine, de la sécheresse… Mais jamais, au grand jamais, on s’en prendra aux prédateurs qui s’enrichissent sur la misère en la provoquant.

Trop de paradoxes, trop de novlangue, d’inversion des valeurs. Car il semble qu’il faille toujours que seuls les pauvres soient sobres. Mais qu’en est-il de ceux qui ne produisent rien et se contentent de spéculer sur le dos de ceux qui travaillent ? Que l’on fasse travailler ou que l’on travaille implique que nous versions des cotisations sociales, pourquoi ceux qui font « travailler » l’argent, les vendeurs d’actions, ne cotisent-ils pas ? Après tout, ces gens font leur beurre parce nous payons des impôts et parce que nous cotisons socialement. Ils bénéficient de la démocratie, mais ils ne veulent pas en payer les frais. Pire, ils ont même le droit « d’optimiser », c’est-à-dire de se défiler légalement, et ont l’audace de profiter de ce que les pauvres financent. Qui sont les assistés alors ?

Il en va de même pour notre culture : elle n’est même pas protégée par une loi anti-concentration. Résultat, 80% des médias français appartiennent à 8 oligarques et 51% de l’édition du pays appartiennent à 1 seul homme. Ce dernier, de plus, possède des médias. L’un d’entre eux est une chaîne d’information continue qui nous noie de fakes et de propagande d’extrême droite, alors que le cahier des charges de ce genre de chaîne impose la neutralité et la parité politique dans le débat ? Que fait l’ARCOM (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) ? Ceux-là mêmes qui condamnent les manifestations de protestation face à cette catastrophe ne sont pourtant en rien révoltés par cette violence culturelle et politique des oligarques et qui semblent faire la loi sans aucune légitimité ! Alors dans nombre de médias oligarchiques, on entend que les millions de gens qui sont dans la rue sont des extrémistes… Être de gauche ou écologiste, être contre la gabegie des ressources de la Planète au bénéfice d’une poignée d’oligarques, c’est être extrémiste de nos jours. Normal, les oligarques propriétaires des médias protègent leur bifteck… C’est grossier, triste, écœurant. En un mot, navrant.

Quand prendrons-nous conscience que nous sommes en train de condamner nos enfants à une vie de galère et nos petits enfants à une mort certaine ? Alors les petites phrases, les petites vannes à deux balles commencent à franchement nous agacer, tout comme les leçons de morale données par des irresponsables incompétents et fiers de l’être. La fin de notre monde pourrait advenir, mais les 1% qui possèdent la majorité de la Planète et qui ont placé leurs pions au sommet des États ont trop à gagner pour s’en occuper. Nous ne sommes pas des fainéants qui ont pris l’habitude de ne plus bosser pendant le Covid. Tellement ont dû accepter le télétravail. Tellement sont encore traumatisés par cette période, qu’il est insupportable qu’un col blanc se permette de telles insultes. Nous sommes tous responsables, si tout cela ne s’arrête pas. Notre seule richesse est notre nombre et notre dignité !

(1) https://unric.org/fr/antonio-guterres-le-rapport-dexperts-du-climat-est-une-alerte-rouge-pour-lhumanite/
(2) https://www.leparisien.fr/immobilier/a-strasbourg-cette-tour-ecolo-fait-gagner-de-l-argent-a-ses-habitants-06-12-2019-8210916.php