Moi, je dis mais

Moi, je dis mais

Les « s » sont comme un soupir… On redoute le pire !

On dit toujours que ce mois est joli, il fut celui de toutes les révoltes, de toutes les espérances et voilà que celui de 2024 est celui de toutes les angoisses et de toutes les déceptions. Ce qui s’annonce fait peur, il faut le dire : d’abord deux guerres qui se déroulent dans une espèce de chaos intellectuel, où chacun doit choisir « son » camp, alors que c’est celui de la paix qu’il faudrait défendre. Des dizaines de milliers de morts, des centaines de milliers de gens à la limite du supportable. L’ONU qui nous rappelle de sales souvenirs de l’inefficacité de la Société des Nations… Et puis en parallèle des Jeux Olympiques sur fond de guerre qui laissent des relents terrifiants : Berlin 1936, le cauchemar. Munich en 72, l’horreur.  

Cette édition 2024 semble de plus être une foire aux sponsors qui n’a aucun goût de fête, avec ses pubs glaciales qu’une société de luxe française fait diffuser sur tous les écrans. Aucun aspect populaire, convivial, juste la peur que ça arrive. Il semble que le seul vrai challenge soit d’éviter le pire. Suivez mon regard… L’Olympisme, qui devrait être une pause pour la paix, est devenu un spectacle qui se paie. Tous les reportages nous parlent des hôteliers déçus par les réservations, des fonctionnaires qui seront à la peine et ne devront pas prendre de vacances pour assurer l’événement. En plus de cela, un été culturel sera bousillé, car comme on craint le pire, il n’y aura pas assez de forces de l’ordre pour que les festivals d’été puissent se dérouler sans danger sur cette période, concentrées qu’elles seront sur les sites olympiques. C’est un choix, pas le nôtre en tous les cas. Avec ce que cela coûte, même si ces jeux sont les moins chers des dernières éditions, on ne peut s’empêcher de penser à tous ces gens à la rue et dans le besoin. D’ailleurs pourquoi la misère n’attire-t-elle pas autant les sponsors ? Question naïve, mais tellement pertinente quant au non-sens que prennent nos vies en cette période.

Pour couronner le tout, nos enfants s’entretuent. N’est-ce pas là le signe d’une société malade, qui se dévore elle-même ? Depuis plus de 10 ans, on redoute « l’effondrement », avec la plupart du temps une raison climatique. Mais cet effondrement écologique ne s’accompagne-t-il pas d’un effondrement civilisationnel ? Vient à l’idée cette phrase convenue des présentateurs de chaines d’information continue (ou de robinets à terreur) : il faut changer de logiciel. Shakespeare aurait dit : il y a quelque chose de pourri sur cette Planète… 

Alors il fait beau, mais… c’est inquiétant, car il fait trop chaud. L’IA serait utile, mais… elle est utilisée par des fous violents ou des prédateurs qui n’en veulent qu’à nos données personnelles et à nos pauvres deniers. On pourrait changer nos schémas énergétiques et de transport, mais… ceux qui dirigent les grandes firmes et leurs actionnaires préfèrent leur gain à leur propre futur. Faire de la politique pour l’intérêt général serait de fédérer pour vivre ensemble, mais… les partis qui dominent sont ceux qui réunissent toutes les haines et cela marche bien mieux. Il y a trop de mais… Et cela commence à être assez pénible.

Quant à notre journal, il continue sans « mais ». Même si notre avocat n’a toujours pas obtenu de réponse à des courriers précis qu’il a envoyés à l’ADAGP (voir édito La Strada n°364). Il est vrai que cet organisme est plus prompt à envoyer des factures qu’à écouter les éditeurs de presse gratuite. Quelqu’un dans cet « Olympe » des droits de propriété intellectuelle a expliqué à une journaliste de France 3 que tout ceci était dû à un logiciel, qui cherchait toutes les reproductions d’œuvres pour les taxer. 

Le problème c’est qu’avec ces machines, il n’y a pas de discussion, pas d’humanité. Ainsi, cet organisme est parvenu à devenir un symbole de ce « pays des paradoxes » si cher à LA STRADA : il taxe l’accès gratuit à la connaissance et à la culture, alors qu’il a été créé pour protéger les artistes de ceux qui veulent exploiter les reproductions de leurs œuvres sans les rémunérer. Pourtant aucun créateur ne voudrait rester inconnu et ne voudrait empêcher que l’on apprécie son œuvre. 

Pour notre journal il n’est juste question que de les faire connaitre, gratuitement, par le public le plus large. Ce qu’André Malraux ou Jean Vilar appelaient la Culture populaire, c’est-à-dire la qualité au plus grand nombre. Gageons que le combat que nous menons profite à toutes les publications gratuites qui tentent de faire connaître les créateurs et leurs œuvres. Peut-être qu’un peu plus de culture, un peu plus d’éducation permettraient de mieux vivre ensemble et de stopper cette fièvre qui monte : la violence. MAIS, comme l’a dit un roitelet : la Culture n’est pas essentielle. Nous compterons les médailles, celles qui récompensent l’effort, mais aussi celles qui récompensent les morts, malheureusement… Paradoxe funeste.