12 Fév Pierre Desproges à Anthéa !
Le mythique humoriste français ne sera pas littéralement présent sur la scène d’Anthéa, vous vous en doutez bien, mais son ombre planera au travers des mots déclamés par une ribambelle d’invités, lors d’un spectacle hommage diffusé en direct du théâtre antibois, ce vendredi 12 février à 20h30.
Daniel Benoin, directeur d’Anthéa, nous en parlait il y a quelques semaines : pour répondre aux problématiques que pose la crise sanitaire, lui et son équipe ont imaginé un concept de retransmissions de spectacles à suivre en direct depuis son salon, sa chambre, ses toilettes, que sais-je ; chacune de ces soirées étant suivie d’un échange entre les artistes et les spectateurs, qui ont la possibilité de poser des questions dans un espace de discussion spécialement dédié et/ou sur les réseaux sociaux du théâtre (Facebook, Instagram et Twitter). L’idée étant de conserver « le lien privilégié que nous avons habituellement avec le public« .
Quatre spectacles ont déjà eu lieu : les seuls en scène de Clémentine Célarié et de Gaspard Proust, la lecture musicale de Julie Depardieu, et hier soir, la pièce Par le bout du nez de Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière, mise en scène par Bernard Murat. François-Xavier Demaison y incarnait un Président de la République, en consultation chez un psychiatre, interprété par François Berléand, à quelques heures de son investiture…
Eh bien, histoire de ne pas avoir fait le déplacement pour rien, les deux hommes seront à nouveau de la partie ce vendredi 12 février pour rendre hommage à Pierre Desproges sur le plateau de la grande salle Jacques Audiberti. Réservée aux abonnés de la saison 2020-21 et/ou 2019-20, rappelons-le, cette soirée mettra également à contribution les talents de comédiens de Gad Elmaleh, Doria Tillier, Charles Berling, Michel Boujenah, Stéphane de Groodt, Mélanie Doutey et du taulier des lieux, Daniel Benoin, dans une mise en espace de textes du caustique humoriste.
Desproges, toujours à la page
Plus de 30 ans après sa mort, cet auteur, acteur et humoriste français (1939-1988) qui cultive l’ironie et la provocation, fait partie de ces mecs indémodables qu’on prend toujours plaisir à citer ici ou là. Sa plus célèbre maxime « on peut rire de tout, mais pas avec tout le monde« , prononcé lors du réquisitoire du Procureur de la République Desproges française contre Jean-Marie Le Pen dans l’émission du 28 septembre 1982 du Tribunal des flagrants délires sur France Inter, est d’ailleurs véritablement rentrée dans le langage courant et illustre bien les débats qui font actuellement rage autour des questions des caricatures dans la presse.
Anticonformiste au sens de l’absurde sur-développé, Pierre Desproges était-il aussi une sorte de visionnaire ? En effet, un de ses nombreux grands moments de radio résonne aujourd’hui étrangement à nos oreilles en ce mois de février 2021 marqué par la pandémie de Covid… Le 19 mars 1983, toujours sur France Inter, dans sa Chronique de la haine ordinaire diffusée quotidiennement, où le bonhomme égrainait ses réflexions, portraits, rumeurs à propos d’événements qui avaient marqué l’actualité, il décide de s’excuser (ça aussi, c’est incroyable) auprès du… pangolin ! Oui, oui, ce petit animal que Pierre Desproges avait décrit de manière péjorative comme « un artichaut à l’envers prolongé d’une queue à la vue de laquelle on se prend à penser que le ridicule ne tue plus… » dans l’un de ses livres. Un peu plus d’un an après l’apparition du virus de la Covid-19, pour laquelle le manidé avait un temps été suspecté d’en être à l’origine, cette chronique fait donc une nouvelle fois écho à notre actualité ! Il est fort le bougre…
Pour toutes ces raisons et bien plus encore, les chanceux qui auront (malgré tout) eu le flaire de s’abonner à Anthéa ces deux dernières saisons, risquent bien de se régaler devant une sélection de textes et autres saillies du maître de l’humour noir, interprétée par quelques comédiens amis de Daniel Benoin.