05 Juin Confidanse : réduisons les distances
Même en ces temps difficiles, la danse ne nous a pas laissé tomber et s’est même réinventée pour continuer de nous faire rêver. Le contexte paraît inopportun pour que les corps se rencontrent et jouent ensemble la poésie du geste, mais si nous faisons l’Histoire, nous pouvons aussi la recréer ! C’est dans ce contexte surréaliste qu’Aurore Raussignol, danseuse et jeune chorégraphe, nous a proposé en réaction : la danse en cadavre exquis.
À l’heure où prendre ceux qu’on aime dans les bras semble compliqué, naviguer en toute liberté devient périlleux, s’organiser un barbecue entre amis l’été arrivant relève de la témérité, échanger une danse avec l’autre est tout simplement impensable ! Et pourtant… La danse, dialogue de proximité dans un corps à corps nécessitant un réel contact physique, a su s’adapter à la situation et réduire les distances. Durant ces trois derniers mois en suspension, loin des scènes de théâtre et des festivals, la danse s’est généreusement manifestée sur nos écrans (cf. articles parus en rubriques Body Art).
Comment nous faire « sortir » de nos intérieurs et maintenir les individus dans la création ? À défaut de pouvoir danser ensemble, est-il possible de créer une danse commune dans l’éloignement, et de trouver des moyens pour nous relier ? Autant de questions qui ont conduit Aurore Raussignol à initier le projet ambitieux des Connexions mouvantes (et humaines). Le concept reprend les principes du cadavre exquis transposés à la création dansée. L’écriture collective créée par les Surréalistes est un « jeu qui consiste à faire composer une phrase, ou dessin, par plusieurs personnes sans qu’aucune d’elles ne puisse tenir compte de la collaboration ou des collaborations précédentes ». L’objectif ici était de réaliser chaque jour une vidéo-danse composée par différentes personnes. Une véritable dynamique pour les danseurs dans leurs quotidiens confinés, un rendez-vous pour découvrir chaque soir une création commune, menée individuellement et conduite par une touche de hasard.
Aurore a porté ce projet afin qu’il appartienne à tous et à personne à la fois, qu’il trouve sa propre continuité et ancre son existence indépendamment des individus pour se manifester librement sur les écrans. Plus qu’un projet commun, un nouvel outil pour que les artistes se rencontrent et composent ensemble malgré l’éloignement. Les Connexions mouvantes (et humaines) ont réunit des danseurs venant d’endroits épars : Nice, Toulouse, Paris, Lyon, Nancy, Bruxelles, Lille, Sète, Grenoble, Schwanau… Une réelle chaîne s’est dessinée et a pris le pas sur la création, projetant de l’espoir, du rêve, mais aussi l’élan d’un renouveau !
Ces vidéos-danse sont disponibles sur la page Facebook de la Cie Aulofée. Vous pouvez encore profiter de cette impulsion artistique et collective, et faire le constat de cette « confidanse » : l’art s’invente et se réinvente à chaque situation…