L’art et la mémoire

L’art et la mémoire

Peut-être le saviez-vous, il existe à Nice un lieu de vie atypique et novateur. Appartenant au CHU de Nice et historiquement légué par M. Séraphin Dabray en 1889, il s’agit de l’Institut Claude Pompidou (ICP), bâtiment moderne situé en plein coeur de Nice, rénové par l’architecte Marc Barani et exclusivement dédié à la maladie d’Alzheimer.

Ce qu’on sait peut-être moins, mais qui guette beaucoup d’entre nous, c’est que cette maladie touche plus d’un million de personnes en France aujourd’hui, avec quelque 22500 nouveaux cas chaque année. Comble du sort, ces chiffres sont partis pour doubler d’ici 2040. Les Alpes-Maritimes, avec une forte concentration en personnes âgées, sont une zone particulièrement touchée par cette maladie, avec plus de 10 000 cas recensés. Il était donc logique et indispensable de mettre en place des dispositifs pour aider les malades, mais aussi pour étudier et combattre activement cette menace. Plusieurs vagues de plans gouvernementaux se sont succédés depuis 2001, permettant au Conseil Général des Alpes-Maritimes d’impulser une nouvelle dynamique favorisant une prise en charge globale et transversale des patients.

L’Institut Claude Pompidou est né de cette situation et de cette volonté d’innovation, concrétisée initialement par une alliance entre le CHU de Nice et la Fondation Claude Pompidou. Ces deux entités se sont ensuite entourées de la Mutualité Française Provence-
Alpes-Côte d’Azur Services de Soins et d’Accompagnement Mutualistes (MFPACA SSAM) et de l’Association France Alzheimer 06. Aujourd’hui, grâce à l’union de tous ces acteurs, l’institut Claude Pompidou est un lieu pilote, une référence en son genre. Dans ce même lieu coexistent plusieurs pôles de compétences complémentaires : un laboratoire de recherche rattaché à l’Université, un EHPAD et une zone d’accueil de jour pour les patients.

Construit sur plusieurs niveaux dédiés à des activités spécifiques très règlementées, l’ICP est néanmoins une bâtisse qui inspire la vie. On y entre depuis le quartier Libération par une grande cour dégagée abritant des salles polyvalentes de plain-pied. De larges baies vitrées lumineuses y laissent entrevoir des ateliers d’art-thérapie, de peinture, de danse… Puis en navigant dans les étages, on y croise des patients, leurs familles et amis, des soignants et des chercheurs qui cohabitent en harmonie.

On y apprend aussi, que contrairement à l’isolement, c’est plutôt la liberté et l’autonomie relatives des patients qui sont recherchées, même si cela relève de l’exploit au quotidien, entre leurs graves difficultés cognitives et les restrictions de sécurité imposées. C’est en tout cas un idéal vers lequel tend l’ICP, inspiré de ce qui est fait au Canada par Carpe Diem, un centre de ressources dédié à cette maladie.

Enfin, si on prend le temps de s’imprégner du lieu, on s’aperçoit que l’art y occupe une place centrale. Il a été aménagé sur d’anciens ateliers d’artistes, occupés pendant un temps par La Station. On y croise de nombreuses peintures et photographies grand format sur les murs intérieurs, ainsi que des peintures murales sur la Provence, thème qui a été choisi et conçu avec la participation des résidents. Des productions collectives d’art-thérapie sont également mises en valeur dans les parties communes, fruits d’ateliers qui ont permis de stimuler la mémoire des malades et de leur apporter sans doute un peu de bonheur. Puis il y a le nom du couple Pompidou qui résonne dans l’air… tous deux de célèbres collectionneurs d’oeuvres d’art. C’est donc une longue histoire d’amour avec l’art qui s’est écrite au fil du temps à l’ICP. Au point qu’il y aurait un projet décoration extérieure dans les tuyaux…

Rens: fondationclaudepompidou.fr & chu-nice.fr
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