Monory

Monory

Six lettres pour nommer simplement cette exposition qui présente, à la Fondation Maeght, 60 ans de carrière et revisite l’oeuvre de cette figure majeure de la Figuration Narrative, constamment tendue par la modernité et par la singularité de ce bleu qui l’a rendu célèbre.

« Ceci est la couleur de mes rêves » inscrivait Joan Miró sur une de ses toiles. C’est cette couleur que Jacques Monory utilise pour représenter une vision romantique et dramatique de l’Histoire contemporaine : le bleu. Abyssal ou bien majestueux, c’est une couleur intemporelle et universelle. La Fondation Maeght accueille la première exposition monographique de Jacques Monory depuis sa disparition en 2018.

Né en 1924, il ne cessera jamais de peindre après son entrée à l’école des Arts appliqués de Paris, ville épicentre où il fréquentera Robert Frank et Henri Cartier-Bresson. Il s’agit de rendre hommage à ses scènes énigmatiques plongées dans des camaïeux de bleus évoquant une nuit américaine dans un thriller des années 50. En effet, l’artiste puise dans la littérature, le cinéma et l’actualité afin de composer une toile qui renvoie à son époque comme un miroir un peu brisé par le temps. Son oeuvre est un journal de bord qu’il tient quotidiennement et dans lequel il s’interroge sur la réalité du monde. Il sollicite aussi le public : comment vivre dans un monde si cruel, corrompu et vide de sens ? Le bleu est, selon lui, la couleur de ce doute : il s’agit à la fois d’un désir impossible et d’une mise à distance du monde. C’est ce monde que Jacques Monory dénonce et exprime avec un pessimisme fondamental et un humour grinçant : on le constate à travers la série des Meurtres considérée comme la plus narrative de toutes avec son atmosphère inquiétante et l’utilisation du bleu nocturne.

Le peintre dessine l’agencement de photographies qu’il conserve dans un carnet, puis il plonge son atelier dans le noir et reporte sur la toile les grandes lignes de la photographie : on obtient donc un voile onirique, un jeu de clair-obscur et une résonance poétique. Mais surtout, Monory crée afin d’exprimer ses idées, il tire à balles réelles dans sa peinture, joue la provocation. On le remarque au tempo trépidant des toiles, comme les images d’un thriller : celui de la vie. De fait, sa peinture se reconnaît au premier coup d’oeil, comme « un Monory ».

1er juil au 22 nov, Fondation Maeght, St Paul. Rens : fondation-maeght.com