Retour en scène… 55

Retour en scène… 55

Malgré les difficultés conjoncturelles, la salle mouginoise, Scène 55, déborde d’énergie pour continuer à séduire un public toujours plus varié et curieux. Focus sur sa saison 2020-2021.

Combien me manque cet instant précis où les lumières s’éteignent pour m’entraîner dans un voyage à travers la création. Changer de lieu en compagnie des acteurs pour vivre mille aventures. Me sentir aérienne sur les pas d’un danseur. Me sentir virevolter sur des notes de musique. Combattre. Aimer. Rire. Expérimenter tous ces sentiments exacerbés qui naissent d’un bon spectacle. Puis, quand le mot fin ne s’écrit pas, mais se traduit par le jaillissement des applaudissements, partager cet élan de joie, avec cette foule d’inconnus : ensemble nous aurons vécu l’espace d’une heure ou deux, une tranche de vie spectaculaire.

Malgré sa création récente, Scène 55 m’aura déjà permis de vivre quelques-uns de ces beaux moments. C’est en mars 2017 qu’elle a vu le jour. Mars : un mois qui doit rester le symbole du printemps et du renouveau. D’ailleurs, quand 3 ans plus tard, le mois de mars a sonné l’heure du repli, le dynamisme de Scène 55 est resté intact : continuer à croire en ses projets, rester proche du public, assurer la transition pour les artistes qui étaient attendus et préparer la nouvelle saison. La plupart des spectacles prévus entre mars et juin ont ainsi pu être reportés. On retrouvera donc l’incontournable May B de Maguy Marin, une pièce chorégraphique qui a marqué l’histoire de la danse et qu’il faut avoir vu au moins une fois dans sa vie. Les personnages au teint terreux et à la physionomie inquiétante, séduisent par leur humanité : entre tragédie et humour, entre difficulté à vivre ensemble et impossibilité de se passer des autres, plus que jamais May B entre en résonance avec nos vies. Parmi les artistes qui ont accepté de reporter leur venue, on trouve aussi Kyan Khojandi qui nous fera passer Une bonne soirée et le duo AaRON qui finalement clôturera la prochaine saison.

Des reports et beaucoup de nouveautés

De nombreux événements sont venus s’ajouter à ceux déjà reportés. Dès le 4 octobre, Scène 55 ouvrira ses portes pour proposer plus d’une quarantaine de spectacles dont certains seront également proposés en séances scolaires. Scène 55 est reconnue comme étant pluridisciplinaire, à dominante de théâtre de marionnettes et de danse. C’est ainsi que chaque année, les amateurs de corps en mouvements se délectent de moments magiques; cette nouvelle programmation n’échappe pas à la règle. Nomad de Sidi Larbi Cherkaoui nous transportera en terre de beauté, transformant l’aridité du désert en richesse esthétique par le jeu de sa gestuelle envoûtante, reflet de sa générosité artistique et de sa bienveillance humaine. Akram Khan Company présentera la dernière création du chorégraphe qui a été conçue en direction d’un jeune public, s’inspirant de son célèbre solo Xenos et reprenant les ressorts de Chotto Desh. Chotto Xenos rouvre les pages de l’histoire dans ce qu’elle peut avoir de plus violent (guerre, colonialisme) pour guider les jeunes générations vers un monde de plus grande tolérance. La danse fera encore voyager le public l’entrainant entre autres sur les pas de la sublime danseuse de flamenco Patricia Guerrero, dans l’univers réinventé de la danse hip-hop avec la Cie par terre d’Anne Nguyen, ou dans la Tap Factory de Vincent Pausanias qui offre une véritable explosion d’énergie et de rythmes, enrobée de poésie, de charme et d’humour.

De la musique avec un duo violoncelle-piano réunissant Gautier Capuçon et Jérôme Ducros, Richard Galliano rendra hommage à Astor Piazzola et à Michel Legrand en compagnie du Quintette de Prague, tandis qu’Alexandre Tharaud se produira en récital de piano.

Le théâtre naviguera entre classiques revisités et plongées contemporaines. Clémentine Célarié sera Jeanne, héroïne de Maupassant, la Cie Tac Théâtre de Cyril Cotinaut explorera avec originalité Hamlet, tandis que la Cie Du jour au lendemain d’Agnés Régolo s’inspirera de l’oeuvre de Marivaux pour explorer les désordres sentimentaux à travers La dispute. Mais au théâtre, on assiste aussi à des scènes de vie comme Je me souviens, pièce signée Paul Platel, qui présente les tensions dans un petit village à l’annonce de la délocalisation de l’une de ses entreprises.

N’oublions pas enfin ce qui fait la spécificité de Scène 55 : le théâtre de marionnettes. Outre les différents spectacles inscrits au programme (Incertain Monsieur Tokbar du Turak Theatre, ou Cendrillon de la Cie Carlo Colla & Figli, la plus ancienne troupe permanente de marionnettes d’Europe), la structure accueille des compagnies professionnelles en résidence accompagnée. Elle offre aussi un rendez-vous régulier avec le Printemps de la marionnette qui enchante tous les publics.