
22 Juil Les Effrontées
Elles s’appellent Coco, Marie, Gisèle, Hedy, Camille, Irène… Elles sont devenues célèbres, ont parfois été occultées par leurs homologues masculins, ou simplement oubliées… C’est sous la forme d’un récit qu’Agnès Jennepin a conçu les portraits de ces Effrontées, à découvrir à la Galerie Depardieu de Nice.
Le regard s’est emparé du noir et blanc du visage. Son socle sera celui de la couleur du vêtement à laquelle il lui sera à jamais étranger. Un corsage joyeux pour exprimer les palpitations et les rituels d’un monde auquel elle reste absente. Car ce regard, dans sa fixité vide, est figé sur lui-même comme se mirant ou se heurtant à une paroi de glace. Si Narcisse se contemple, au contraire, l’effrontée » incarne cette tension comme un désir impérieux de percer cette bulle d’opacité qui l’exclut d’un monde auquel elle se confronte pourtant dans l’orgueil de ce clair-obscur grisâtre. Vie et mort se confondent quand elles apparaissent sans objet : la fixité d’un regard méprise le fil du temps, son royaume est l’éternité. De même que l’espace lui est indifférent. Le regard ne cible rien d’autre qu’un point indéfini : L’infini ?
La force des images d’Agnès Jennepin, c’est d’arracher le portrait à toute psychologie, de l’extraire de son histoire et à toute temporalité pour converger vers les racines du désir. Une métaphysique du corps s’ébauche alors dans le défi d’un regard, dans cette solitude glorieuse et la certitude d’être. Mais comment être quand le monde se dérobe à soi ? Ou bien est-il si vide qu’il faut briser son écorce de verre et peut-être alors s’ouvrira-t-il au-delà des apparences.
Car c’est aussi de peinture que parle Agnès Jennepin. Aux apparences, elle oppose le gouffre d’un regard, sa force nocturne qui s’impose au nôtre. Dans ce face-à-face, que voyons-nous si ce n’est cette même puissance de la peinture pour dire ce que nous sommes et l’énergie contenue dans tous ces rêves muets qui ne cessent d’ensemencer nos vies ?